• Visite guidée de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

     

    L'église Saint-Nicolas se trouve mêlée de très près à l'histoire mouvementée de la ville d'Enghien. Comme elle, ses origines exactes sont peu connues : un oratoire dépendant de l'évêché de Cambrai qui, vers 1150, passe à l'abbaye de Saint-Denis-en­ Broqueroie et qui se fait dépouiller par les turbulents sires d'Enghien. Ceux-ci n'en contribueront pas moins à le remplacer par un nouvel édifice où ils se feront grandiosement ensevelir (1310). Le maître-autel en est consacré en 1347 ; il l'est, à nouveau, en 1442. après un incendie.

    Le développement économique de la ville, dû principalement à l'essor de certains métiers (tapissiers et drapiers) permet à l'église de s'agrandir et de s'embellir considérablement : nefs latérales et porche, orgues et jubé, verrières armoriées et mausolées de marbre, etc. Hélas! le gigantesque incendie de 1497 -plus de 400 immeubles sont anéantis!- lui est très préjudiciable et tout autant, en 1566, le pénible passage des iconoclastes.

    En 1960, le clocher se lézarde. Il faut le démonter. On en profite pour restaurer tout l'édifice et lui restituer sa simplicité primitive (1964).

    L'église mesure 41,70 m de longueur et le transept 26,85 m ; la grande nef a une hauteur de 13,72 m.

    Le carillon, l'un des premiers de Belgique, possède 51 cloches ; la plus ancienne remonte à 1512 : la plus grande pèse 2750 kg.


    La chapelle de Notre-Dame de Messines (anciennement chapelle Saint­-Eloi) paraît avoir été la partie la plus ancienne de l'église. Son état actuel date du début du XVe siècle.

    Les vitraux du choeur (Max lngrand) ont pour thème la Nativité, les Noces de Cana où figurent les armoiries de la ville d'Enghien-les-Bains (France) avec laquelle Enghien est jumelée, le Calvaire et la Descente du Saint-Esprit (1962).

    Les culs-de-lampe (XVe s.) représentent diverses professions (charretier, boucher, tailleur de pierre. marchand ambulant, maçon, mendiant, cabaretier) et les chapiteaux, un repas et l'établi d'un confrère de saint Eloi.

     

    Visite guidée de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

     

    L'autel est occupé par le magnifique retable de la Vierge provenant de la chapelle du château des ducs d'Arenberg à Enghien. Il réunit trois œuvres aux origines distinctes. Au-dessus de la prédelle (Arbre de Jessé), les sculptures représentent diverses scènes de la vie de la Vierge : l'adoration des bergers. la circoncision et l'adoration des mages (registre inférieur), les fiançailles, la mort de la sainte Vierge, avec l'assomption et le couronnement, enfin la présentation au temple (registre supérieur) ; l'ensemble, marqué 25 fois du poinçon de la ville d'Anvers, est attribué au sculpteur Moreau et comprend exactement 127 personnages. Les volets extérieurs (fin XVIe s.) représentent, au centre, la Vierge, l'Enfant-Jésus et sainte Anne ; sur les côtés, Alphée et Marie-Salomé, Zébédée et Marie Cléophas. Sur les volets intérieurs, sont peints la présentation au temple, le miracle de la houssine, les funérailles de la Vierge et l'assomption de celle-ci. La prédelle et les volets (XVIe s.) auraient pour auteur un peintre de l'entourage de P. Coccke.

    Dans les nefs, deux vitraux (Ladon, de Gand) commémorent le passage de Jeanne d'Arc à Orléans et la capture de celle-çi par les soldats de Jean de Luxembourg, fils. frère et oncle de seigneurs d'Enghien.

    La décoration des murs est multiple ; en faisant le tour de la chapelle en commençant à gauche du choeur, on peut voir : statue de sainte Agathe (XVe s.) dont les attributs -une tenaille et un sein arraché -ont été volés, statue de saint Laurent (XVIe s.) accompagné de la grille, statue de sainte Renelde (XVe s.), pierre tombale et stèle du curé Planen (1620), châsse de saint Eloi (XVIIIe s.), statue de sainte Apolline (XVe s.) avec ses attributs -une pince et une dent arrachée, tableau de Notre-Dame de Messines (XVIIIe s.), statue de saint Alexis (XVe s.) auprès de son escalier, peinture évoquant le martyre de saint Erasme, statue de sainte Catherine (XVe s.) accompagnée de la roue brisée et la palme du martyre, statue de saint Roch (XVIIIe s.) auprès du chien qui l'a guéri, remarquable confessionnal du XVIIe s. et reliquaire de saint Sébastien (XVIIe s.).

     


    Après avoir visité l'exposition, nous vous invitons à continuer la visite de l'église Saint-Nicolas en contournant le bâtiment et en rentrant par le côté opposé de la chapelle Notre-Dame de Messines.

    Le choeur, construit par les sires d'Enghien et rebâti par les comtes de Luxembourg, en porte les armoiries dans les clefs de voûte.

    Des parois, ont été dégagés les enfeus sous lesquels reposaient plusieurs seigneurs et dames d'Enghien.

    Dans l'un de ces enfeus pend un tableau évoquant les « Œuvres de miséricorde ».

    Tableau sur bois peint en 1622, comme nous l’apprend l’inscription flamande qui s’y trouve : « Wat ghy ghedaen hebt dese’ myne miuste broeders hebt ghy my ghedaen, a° 1622 ».

    Au centre se trouve le Sauveur ; à l’avant-plan des deux côtés, autour d’une table sont assis plusieurs personnages, vêtus de noir, qui rappellent sans doute des magistrats, faisant une distribution de pains et de vêtements aux pauvres ; ce tableau est destiné à perpétuer le souvenir d’une libéralité faite aux pauvres par Zacharias Schokart, et consistant en une distribution de pains blancs qui a lieu encore chaque dimanche après la grand’messe. Dans le fond sont figurées les autres œuvres de miséricorde. L’auteur de ce tableau est inconnu.

    Ernest Matthieu – Histoire de la Ville d’Enghien – Réédition de 1974 – Chapitre II – Eglise de Saint-Nicolas - p. 508.

     

    Visite guidée de l'église Saint-Nicolas d'Enghien

    (Photo : Crédit Studio Berger - Enghien)

     

    Six vitraux (Blanke, de Raeren, Wybo, de Tournai, Hertel et Lersch, de Düsseldorf) décorent le choeur. Ils évoquent respectivement :

    - le martyre de saint Sébastien et l'assaut infructueux des Etats contre la ville d'Enghien en 1580 ;
    - le martyre de saint Laurent et la procession organisée en son honneur à la suite de ce même événement (1580) et de la protection de ce saint en 1918 ;
    - la décollation de saint Jean-Baptiste et la découverte légendaire de sa statuette de marbre, flottant sur l'eau d'un ruisseau aux faubourgs d'Enghien en 1399 ;
    - la visite de l'atelier d'un fèvre par saint Eloi et le renouvellement des privilèges de la confrérie de saint Eloi par le comte Pierre de Luxembourg. seigneur d'Enghien en 1431 ;
    - le couronnement de la Vierge. avec au-dessous, Bethsabée plaidant auprès de Salomon la cause d'Adonias ;
    - la résurrection par saint Nicolas des trois enfants au saloir, et la consécration de l'église d'Enghien à saint Nicolas par l'évêque de Lunda en 1347.

    Les stalles furent exécutées par un Enghiennois. J.-Ch. Colin et un Montois, F.-J. Midavaine en 1756.

    Le transept est principalement occupé par les orgues ; elles ont été livrées par la société Scheyven (1881), restaurées et complétées par le facteur Thunus. de Malmédy (1964) : 2620 tuyaux dont les plus grands ont plus de cinq mètres de hauteur, 36 jeux répartis sur trois claviers manuels de 61 notes et un pédalier de 32 notes.

    Le vitrail, oeuvre de Max lngrand (Neuilly, 1964) évoque les Anges musiciens. Le tableau de Cornélis Schut (1597-1655) représente la Sainte Famille. La porte latérale gauche mène à la salle d'archives du porche gothique construit par Jehan lnglebin de 1444 à 1459.

    Quatre vitraux (Max Ingrand) évoquant les sept sacrements, des confessionnaux (XVIIe et XVIIIe s.) et la statue du Bon Dieu de Pitié (XVIIe s.) complètent la décoration de la nef latérale gauche.

    Dans la nef centrale, on peut remarquer une statue de saint Michel en pierre blanche autrefois polychrome (XVe s.) : la Chaire de vérité (XVIIe s.) - s'appuyant sur la Foi. la cuve de forme octogonale, est ornée des quatre évangélistes que séparent des angelots ; au pied de la rampe, saint Pierre et saint Paul - ; enfin, sous la grande verrière (Max Ingrand) de la façade principale, illustrant l'apostolat, deux stèles rappellent la mémoire de Fouquet de Thiennes et de Jean de Binche (XVe s.) non loin d'un Christ au tombeau (XVIIIe s.).

    Dans la première nef latérale droite, se remarquent une Crucifixion attribuée à Balthazar Beschley (XVIIIe s.), le monument funéraire de la famille Robin (XVIe s.) et. à l'autre extrémité, le retable de l'ancien autel de la Libération (1920), témoignage de reconnaissance à Notre-Dame de Messines.

    La seconde nef latérale droite (XVIe s.) comprend la chapelle de Notre-Dame du Rosaire (1634) entourée d'une balustrade de 34 colonnes de marbre rouge. Le tableau de l'autel, attribué à Gaspard de Crayer (1584-1669), représente la Vierge offrant le rosaire à saint Dominique : à l'avant-plan figure la duchesse Anne de Croy (1564-1630). épouse du prince-comte Charles d'Arenberg (1550-1616) auxquels Henri IV vendit la seigneurie d'Enghien (1606).

    Le vitrail d'après un carton de L. Buisseret évoque l'annonciation et le mariage de la Vierge. Dans la même nef. trois autres vitraux de Max lngrand évoquent les dons du Saint-Esprit.

    Le baptistère (1951) renferme les fonts baptismaux en pierre bleue moulurée (XVe s.) surmontés d'un couvercle en cuivre battu du XVIIe s., et l'armoire aux saintes huiles en forme de tabernacle dont on a volé la belle "Descente de Croix" en argent ciselé qui en recouvrait la porte.

    La chapelle Sainte-Anne, où se réunissaient les membres de la Chambre de Rhétorique, contient l'autel des Ames du Purgatoire (XVIIe s.) et son tableau attribué à Victor-Honoré Janssens (1658-1736), un curieux plafond (1690) en stuc avec sainte Anne, patronne de la Confrérie, d'où part un arbre avec sur les premières feuilles le nom de sa fille (Ma-Ria) et à l'extrémité l'Enfant­ Jésus. Dans les coins sont représentées les armoiries d'Enghien, de la Chambre : trois pensées (Penser y fault), du duc Philippe-François d'Arenberg (1625-1674) et de son épouse, Marie de Borja y Doria (1627-1700).

    Les deux vitraux (Wybo) rappellent la légende des Hosties miraculeuses volées à Bruxelles à l'incitation du juif Jonathas. Une statue de sainte Anne (XVIIe s.), un calvaire attribué à Willeboorts (1614-1654) et des diverses châsses­ reliquaires complètent avec une lampe de sanctuaire (XVIIIe s.) l'ornementation de cette chapelle (fin XVIe s.).

     

    Source : Feuillet édité à l'occasion d'une exposition à la chapelle Notre-Dame de Messines - Yves Delannoy - 1990.