• Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    PRESENTATION DU SPECTACLE

     

    A l'arrière du Château d'Enghien, sur un vaste échiquier géant de 256 m2 se déroulera sous vos yeux un spectacle historique vous présentant les grandes pages de la riche histoire de cette ville hennuyère.

    Bien avant que ne soit mentionné pour la première fois le nom d'Enghien, les barbares, les Romains, d'autres peuplades et enfin les Anglo-saxons nous feront revivre les origines de notre cité.

    Notre metteur en scène, Claude Hélin, respectant scrupuleusement le texte, a créé à partir de cet échiquier géant un jeu de scènes où la danse et le mime, judicieusement décorés par des lumières et complétés par des projections d'images vous seront présentés sur des musiques contemporaines.

     

     

    1. L'échiquier vide.

     

    Enghien n'est assurément pas une ville neuve. En 1092, il y a donc cette année (1992) exactement neuf siècles, le nom d'un premier seigneur d'Enghien, Engelbert d'Enghien, apparait dans un document écrit. Ainsi commencent à se dérouler les neuf siècles d'une longue histoire dont nous allons ce soir revivre quelques épisodes... sur un échiquier.

    Echecs à Enghien.

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992Cela ne veut pas dire qu'Enghien est en échec !... Mais de nombreux Enghiennois jouent aux échecs, et c'est ainsi depuis des siècles. On peut aisément imaginer ici même, dans l'Orangerie dont le château Empain a pris la place, une partie où Voltaire met échec et mat le duc Léopold-Philippe d'Arenberg... La vie de chacun n'est-elle pas une grande partie d'échecs où alternent le noir et le blanc, les ténèbres et la lumière, les cases noires et les jours de deuil, les cases blanches et les jours de joie ? Ne passe-t-on pas son temps à se faire le parti le plus fort, à avancer prudemment ses pièces, une par une, pour occuper le terrain adverse, jusqu'à pouvoir frapper le grand coup qui met brusquement le partenaire en boîte ? D'ailleurs, entre nous, aux échecs comme dans la vie, Monsieur – le Roi ! – est le personnage important, c'est sûr... Mais la Dame... comment faire sans la Dame ?... n'est-ce pas elle qui domine réellement le jeu, qui a le plus de possibilité de manœuvres ... et le plus de tours dans son sac ?

    Aux échecs comme dans la vie, la pièce apparemment innocente et inoffensive n'est-elle pas parfois celle-là même qui décoche le trait fatal et inopiné qui met tout par terre ? La partie d'échecs, c'est comme la vie, la vie est comme une partie d'échecs.

    L'histoire d'Enghien aussi est une partie d'échecs. Voyez : la partie se prépare.

    Voilà donc l'échiquier, prêt mais vide. La plaine marécageuse, sillonnée de petits ruisseaux, ponctuée par-ci par-là d'une petite éminence ; la plaine, prête mais vide, où Enghien va naître, se développer et connaître, tantôt blancs, tantôt noirs, les divers épisodes de son histoire.

     

     

    2. Tout se met en place.

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    Nos ancêtres, des Belges de la puissante tribu des Nerviens, vivent ici assez paisiblement. Ils s'adonnent à l'agriculture, vaquent à leurs petites affaires et à leurs petits négoces. Farouchement indépendants, ils n'acceptent la domination de personne. Ils n'habitent qu'en petits groupes éparpillés dans de tout petits villages qui ne sont d'ailleurs que des ensembles de quelques huttes. Mais à l'occasion ils se réunissent pour des banquets où ils démontrent – déjà leur – étonnante aptitude à engloutir des montagnes de victuailles et davantage encore une capacité exceptionnelle d'absorption de boissons diverses, où bien entendu la bière occupe le premier rang : la vénérable tradition de la Double Enghien est encore loin de naître, mais on ne sera pas surpris de la voir pointer à l'horizon...

    A l'horizon, justement, il y a du neuf : en 57 av . J .-C., les Romains sont là !  Conduites par César, les Légions attaquent. Il y faudra quelques années de luttes féroces et d'effroyables massacres.

     

     

    Mais elles auront raison de la fougue de nos ancêtres . De gré ou de force, les Belges, comme les autres Gaulois, sont romanisés. L'ordre romain s'établit dans nos contrées, y apportant d'énormes avantages, notamment la création de routes. Celles-ci sont jalonnées de postes militaires de toutes sortes, qui donneront naissance à de premières petites agglomérations, origine probable des premiers villages de notre région traversée par la chaussée dite Brunehault, Hoves et Petit-Enghien. Certains indices permettent même de supposer l'existence d'une villa romaine au même endroit.

    Mais l'ordre romain n'est pas éternel. Dès le début du Ve siècle, les Barbares déferlent sur l'Occident, balayant tout sur leur passage.

     

     

    3. Les Siècles de Fer.

     

    A partir des Invasions Barbares du Ve siècle, nos régions entrent pour un demi-millénaire dans les ténèbres ; d'abord, parce que l'histoire est pratiquement muette sur ce qui se passe ici pendant cette très longue période ; ensuite parce que c'est un temps d'insécurité et de violence où le fer et le feu sont les principaux maîtres du terrain, en compagnie, pour la plupart des gens, de la misère et de la faim. C'est ce qu'on appelle les « siècles de fer », les pires étant probablement le IXe et le Xe (*) ; c'est alors sans doute que naît ce qui deviendra Enghien, sans autre précision vérifiable. C'est alors aussi que le christianisme ramène lentement la civilisation à la surface, les incursions des Normands détruisant d'ailleurs au fur et à mesure presque toutes les choses qui renaissent. Peu à peu cependant se répand, comme le dit un chroniqueur de l'époque, « une blanche floraison d'églises ». Des oasis de paix et de développement se créent à droite et à gauche : ce sont les monastères. Est-il besoin de rappeler que dès le milieu du VIIe siècle il y a, dans les parages, les abbayes de Saint-Vincent à Soignies, de Sainte-Waudru à Mons, de Sainte-Gertrude à Nivelles, promesses de ce qui va bientôt exister à Herne, à Grammont, à Ghislenghien, à Cambron et bien ailleurs. Moines et moniales en grand nombre se consacrent à Dieu et à leurs frères. Comme ils contribuent fortement à tirer tout le monde du marasme, la noblesse les soutient et les aide de toutes les manières, notamment par des donations de terres qui leurs permettent de vivre. Vincent de Soignies, Waudru de Mons, Gertrude de Nivelles sont gens de haute noblesse. En très bonne compagnie se situe ainsi un certain sire Engelbert d'Enghien qui signe, en 1092, une charte relative à l'autel de Saint-Pierre dans l'église de Soignies. Nous n'en savons pas davantage, mais il s'agit très probablement d'un acte de donation. 1092. Cette année-là entre dans l'histoire le premier seigneur d'Enghien connu, et du même coup la bonne ville d'Enghien.

    C'est cet événement, insignifiant peut-être pour les autres, mais d'importance capitale pour les Enghiennois, que nous célébrons dans les présentes festivités.

    Ainsi entre surtout dans l'histoire un nom, celui d'Enghien, qui sera porté comme un titre par d'illustres familles : après les d'Enghien, les Luxembourg et les Bourbons, en attendant les Arenberg et puis les Empain... mais tout ceci est une autre histoire...

    Pour l'instant, voyons l'accord profond entre la noblesse et l'Eglise qui se concrétise sous nos yeux : le sire Engelbert d'Enghien, entouré des siens, accueille les moines et leur remet la fameuse charte de donation.

    Un mot encore pour rappeler que nous sommes alors à la veille du départ de la première croisade.

    (*) C'est un siècle dur, terrible, caractérisé par des guerres permanentes entre les princes, les peuples, les cultures et même l'Eglise qui a ses papes et ses antipapes. L’époque reste très difficile à comprendre, car sans cohérence apparente autre qu’une résistance acharnée pour la survie. L'Europe est très morcelée et presque disloquée en une mosaïque de pouvoirs locaux. Les incursions Vikings au Nord et Berbères au Sud sont toujours une menace. La Normandie est donnée aux Vikings en 911 alors qu’en Espagne, le califat Omeyyade de Cordoue est florissant par ses scientifiques, philosophes ou théologiens. De nouvelles invasions hongroises et slaves sont stoppées à l'est par le roi saxon Otton 1er (Lechfeld 955). Celui-ci est couronné empereur en 962 par le pape à Rome. C’est le fondateur du saint Empire Romain germanique qui durera jusqu’à Bonaparte... Dans ce chaos, la féodalité est la seule règle (fidélité à la famille, fidélité du paysan au seigneur, du seigneur au duc, du duc au roi, du roi à l'empereur, de l'empereur au pape). En réalité l'Eglise Romaine est en pleine décadence comme en témoigne la période dite de la "pornocratie pontificale" de (904 à 963). En 954, Jean XII devient Pape à l'âge de 18 ans. Il ne pense qu’à faire la cour aux femmes, à festoyer et à participer aux parties de chasse. Il sera déposé par Otton Ier. Pour l’Eglise d’Occident, le vrai renouveau se fera à Cluny (910). Est-ce cette ambiance délétère qui a donné naissance aux terreurs de l'an Mille en Occident ? Le pape de l’an Mille est auvergnat, clunisien, philosophe, mathématicien et astronome : Gerbert d’Aurillac. Adalbéron de Reims et Gerbert d’Aurillac œuvreront toute leur vie pour réaliser leur vision de royaumes rassemblés au sein d’un grand empire. Un rêve qui s’achèvera avec la mort de l’ami de Gerbert, né en Italie d’une princesse byzantine : Otton III à 19 ans en 1003. (Les Paris DLD - https://www.lesparisdld.com/2010/01/10-le-siecle-de-fer.html).

     

     

    4. Les débuts de la Maison de Jonathas.

     

    Il ne faudrait pas croire que les sires d'Enghien, en si bons rapports avec les moines, étaient gens placides, bien sages et bien tranquilles. Ils furent au contraire de bons féodaux, aussi brutaux qu'on le désire, turbulents à souhait, aussi entraînés aux petites guerres féodales que nous au match de football hebdomadaire. Bien entendu il y a quand même la nuance qu'on n'enfonce pas le gardien de but d'un coup de lance dans le ventre et qu'on ne s'explique pas avec l'arbitre en lui fendant le crâne d'un grand coup d'épée...

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992Enghien est située à l'intersection de trois importantes principautés, les comtés de Flandre et de Hainaut et le duché de Brabant. Vers les années 1150, le seigneur Hugues d'Enghien décide de profiter de la situation. Vassal du comte de Hainaut, il renie son suzerain pour faire allégeance au duc de Brabant. Il s'est construit un important donjon où il habite avec ses hommes d'armes : c'est l'antique forteresse que les Enghiennois appellent aujourd'hui, on ne sait trop pourquoi, la Maison de Jonathas. Enghiennois et Brabançons se bagarrent alors à qui mieux mieux avec les gens du Hainaut jusqu'à la rnort du sire Hugues. Son fils Engelbert II lui succède et puisqu'on s'amusait si bien avec papa, on ne trouve aucune raison de se conduire autrement... Hélas bientôt le comte de Hainaut se fâche tout rouge et vient assiéger la forteresse enghiennoise... d'où le pauvre Engelbert doit prendre la poudre d'escampette en direction du bois de Strihoux et court encore...

    Le comte Baudouin de Hainaut regagne alors ses pénates montois en laissant ladite Maison de Jonathas soigneusement rendue inoffensive. Nous sommes alors en 1194.

     

     

    5. La Noire Dame.

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992Le calme reviendra-t-il à Enghien  ? Oh que non ! Siger d'Enghien, digne fils d'Engelbert II, va évoluer, sa vie durant, dans une vaste partie où se remuent à qui mieux mieux des éléments aussi conséquents que l'Empire latin de Constantinople, l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, le pape, les dernières croisades avec le roi de France saint Louis... et sa mère Blanche de Castille... et même son frère le comte Charles d'Anjou (voir ci-contre). Celui-ci vient même se faire battre par notre Siger sous les murs mêmes d'Enghien et devra chercher refuge dans le bois de Silly avec les chevaliers français qui lui restent...

     

    Ce n'est qu'un épisode de ce que les manuels d'histoire appellent la Querelle des d'Avesnes et des Dampierre, épisode local que nous nous contenterons de voir par le petit bout de la lorgnette. De quoi s'agit-il ?

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992En 1212, Marguerite de Constantinople, héritière des comtés de Flandre et de Hainaut, « sympathiquement » connue dans nos régions sous le nom de « la Noire Dame » – les Flamands la nomment « de Zwarte Margriet » – épouse Bouchard d'Avesnes, dont elle a deux fils. Dix ans plus tard elle fait casser son mariage pour épouser Guillaume de Dampierre, dont elle a aussi plusieurs fils. Alors à qui reviendra l'héritage ? aux d'Avesnes, enfants du premier lit ou aux Dampierre, enfants du second ? Les deux lignées se déclarent une guerre sans merci qui durera de longues années  – jusqu'au milieu du XIIIe siècle – pendant lesquelles Siger d'Enghien, allié aux d'Avesnes, sera de toutes les bagarres et fera son possible pour brouiller les cartes. Vers la fin, il sera déjà accompagné de son fils Walter d'Enghien qui, pour ce qui est d'être remuant et turbulent, promet de ne rien devoir à son père ni à son grand-père.

    En dépit des efforts des d'Enghien, tout cela se terminera par la mise en application de l'arbitrage de saint Louis : le Hainaut aux d'Avesnes et la Flandre aux Dampierre.

     

     

    6. Jarretière et Toison d'Or.

     

    Les d'Enghien, pareils à eux-mêmes, continueront à être partout dans l'Europe médiévale, assidus à tenir leur rang et toujours aux avant-postes. Lorsque le roi d'Angleterre Edouard III crée l'Ordre de la Jarretière en 1348, qui voit-on aux fêtes données à Londres à cette occasion ?

    – Vous l'avez deviné – le seigneur Walter d'Enghien ! Encore quelques années remplies de beaucoup de péripéties et le dernier de la très noble et très remuante lignée, le sire Louis d'Enghien, s'éteint en 1390 sans laisser d'héritier mâle. Son gendre Jean de Luxembourg lui succède et les Luxembourg, nouvelle famille régnante, vont aussi porter très haut le flambeau d'Enghien. Lorsque Philippe le Bon, duc de Bourgogne, crée en 1430 l'Ordre de la Toison d'Or, qui voit-on dans la première promotion de ces nobles chevaliers ? – mais bien sûr – Pierre de Luxembourg, deuxième seigneur d'Enghien de cette illustre famille, en compagnie d'ailleurs de son frère Jean de Luxembourg, celui-là même dont les hommes capturèrent Jeanne d'Arc à Compiègne.

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

    Phlippe le Bon Collier de l'Ordre de la Toison d'Or

     

    Pierre de Luxembourg est aussi créateur, au commencement du XVe siècle, du fameux parc d'Enghien où nous nous trouvons ce jour.

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992
    Pierre Ier de Luxembourg Saint-Pol

     

     

    7. Le comte de Saint-Pol.

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992Les Luxembourg ne sont pas les premiers venus : leur maison a donné au Moyen-Age quatre empereurs germaniques et un roi de Bohême et de Hongrie ;  elle a régné aussi sur le Brandebourg. Une branche cadette de la famille porte le nom de Luxembourg-Ligny-Saint-Pol ; l'un de ses membres épouse Marguerite, fille du dernier d'Enghien, décédée en 1390 ; la seigneurie d'Enghien est ainsi entraînée dans l'orbite de la maison de Luxembourg.

    Un petit-fils de Marguerite d'Enghien s'appelle Louis de Luxembourg-Ligny, comte de Saint-Pol, et seigneur d'Enghien. Il est plus connu dans l'histoire sous le nom de comte de Saint-Pol et sa vie aventureuse mérite d'être invoquée. Grand amateur de batailles, d'intrigues et de femmes, il est en relations étroites avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, avec Edouard III, roi d'Angleterre et avec Louis XI, qui fait de lui un connétable de France.

    Pourtant, le 19 décembre 1475, les Parisiens disent : « C'est la guerre en Paradis : Saint-Pierre a tué Saint-Pol ». En effet, ce jour-là, le sire de Saint-Pierre, exécuteur des basses œuvres de Louis XI, fait décapiter le comte de Saint-Pol à Paris, en Place de Grève, devant l'Hôtel de Ville. Comment en est-on arrivé là ?

    Dans ce dernier quart du XVe siècle, la Guerre de Cent Ans, qui oppose depuis tant d'années Français et Anglais sur le sol de la France, sans oublier les Bourguignons et d'autres grands féodaux, la Guerre de Cent Ans est maintenant dans sa phase finale. Le roi de France, Louis XI, va d'abord se débarrasser des Anglais ; il manœuvre de main de maître et tire adroitement sur toutes les ficelles ; une de ces ficelles, c'est précisément notre comte de Saint-Pol qui, par la trahison, fait échec au roi d'Angleterre. Voilà donc Edouard IV hors de combat.

    Au tour du Téméraire à présent.

    Louis XI, surnommé « l'Universelle Aragne », tisse sa toile autour du duc de Bourgogne. Le Téméraire joue du comte de Saint-Pol pour engluer Louis XI, tandis que Louis XI joue du comte de Saint-Pol pour engluer le Téméraire. Dans ce jeu inextricable d'intrigues, de manœuvres occultes et de faux-fuyants, les deux principaux protagonistes acquièrent enfin la certitude que Saint-Pol les trahit l'un et l'autre, si bien que Le Téméraire met la main sur lui et en fait aimablement cadeau à Louis XI... lequel le confie à Saint-Pierre qui met fin, comme nous savons à la carrière de Saint-Pol.

     

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    Charles le Téméraire

     

     

    8. Henri IV et Mélusine.

     

    ... Un d'Enghien avait déjà connu la même mésaventure, épisode parmi beaucoup d'autres illustrant la volonté séculaire des d'Enghien de sauvegarder leur indépendance vis à vis des comtes de Hainaut. Ainsi Siger II d'Enghien avait-il eu la tête tranchée sur la grand-place de Mons le 21 mars 1364. Un autre encore, Walter IV d'Enghien, avait, lui, assiégé en 1381 la ville de Grammont, emporté la place et perpétré un épouvantable massacre de la population ; hélas, peu après, comme il participait au siège de Gand – quelle famille , bon Dieu ! – il fut reconnu par des Grammontois survivants qui ne lui firent aucun quartier et ne rendirent son corps aux Enghiennois que contre rançon... Ne reparlons-pas du comte de Saint-Pol décapité à Paris en 1475, comme nous savons, mais puisque nous sommes à Paris, restons-y... pour rencontrer un certain Henri IV, roi de France et de Navarre... et seigneur d'Enghien...

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    Henri IV, fils de Jeanne d'Albret, reine de Navarre et d'Antoine de Bourbon, lui-même petit-fils de François de Bourbon-Vendôme, lequel avait épousé Marie de Luxembourg, petite-fille du comte de Saint-Pol, dernière Luxembourg à avoir possédé la seigneurie d'Enghien, laquelle passait ainsi des Luxembourg aux Bourbons.

    Ouf !... – Henri IV, bien avant de tomber en 1610 sous le couteau de Ravaillac, avait d'ailleurs cherché à se défaire de cette seigneurie lointaine en la vendant au comte d'Egmont, mais la négociation avait été coupée en 1568 sur la grand-place de Bruxelles en même temps que la tête de ce pauvre comte d'Egmont... On le voit, une sinistre fatalité semblait peser sur les titulaires de la seigneurie. Il se racontait d'ailleurs à Ia cour d'Henri IV que la fée Mélusine venait errer dans les parages du château d'Enghien chaque fois que quelqu'un de la maison allait périr de mort violente... et que le roi n'y croyait pas... Il ne pensait évidemment pas à Ravaillac...

     

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    Ravaillac

     

     

     

    9. Le temps des d'Arenberg.

     

    Non, non, rassurons-nous, l'histoire d'Enghien n'est pas une histoire de fantômes ! Elle ne finit pas dans un cimetière au clair de lune...

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

    Anne et Charles ont 12 enfants, parmi lesquels Philippe d’Arenberg (1587-1640). Il occupe pendant longtemps d’importants fonctions politiques. Par la suite, il est soupçonné de conjuration et est banni à Madrid, où il décède. Son fils Philippe-François d’Arenberg (1625-1674) parcourt une brillante carrière militaire et est titulaire de l’Ordre de la Toison d’Or. Il devient le premier duc d’Arenberg lorsque l’empereur Ferdinand III (1608-1657) érige le comté princier d’Arenberg en duché en 1644.

     

    Bien loin de là ! En 1606, quatre ans avant que Ravaillac n'ait l'idée d'aiguiser le couteau destiné à Henri IV, celui-ci a vendu la seigneurie d'Enghien au prince-comte Charles d'Arenberg et à son épouse la duchesse Anne de Croy . Le domaine, au fond, reste dans la famille au sens le plus large puisque les d'Arenberg, par les de Croy, descendent aussi bien que les Bourbons du comte de Saint-Pol et donc de Marguerite, la dernière des d'Enghien.

    Quoi qu'il en soit, l'implantation à Enghien de la Maison d'Arenberg ouvre pour notre ville une période faste. Nous ne pouvons ce soir en évoquer tous les aspects, on le comprendra sans peine. Rien que la présence sur notre sol du couvent des Capucins et de la Maison Saint-Augustin atteste l'ampleur du mécénat prodigué par l'illustre famille. Mais la trace la plus vaste laissée par les d'Arenberg sur le territoire de la commune est incontestablement le parc où nous nous trouvons en ce moment. Bien sûr Pierre de Luxembourg a-t-il dans les années 1400-1410, le premier délimité et clôturé le domaine ; mais ce n'est alors encore qu'une réserve de chasse. Bien sûr aussi le comte de Saint-Pol y a-t -il créé quelques décades plus tard, la ferme et les premiers jardins. Bien sûr encore, au début du XVIe siècle, l'endroit est-il assez réputé pour que des gens comme Charles-Quint ou Marie de Hongrie aiment y venir chasser.

    Mais ce soir les d'Arenberg qui, en un demi-siècle, auront fait de leur parc d'Enghien ce domaine ducal dont la réputation à travers toute l'Europe portera haut le prestige, par ailleurs déjà bien établi, de la Sérénissime Maison.

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992Le prince Antoine, fils de Charles d'Arenberg et de Anne de Croy, devenu capucin sous le nom de Père Charles de Bruxelles, sera l'architecte de cette grandiose entreprise et sous Philippe-François, qui règne de 1640 à 1674, va apparaître sur le terrain la merveille dont nous avons toujours aujourd'hui le bonheur de pouvoir contempler la beauté !

    Voici d'abord la Patte d'Oie, avec les superbes frondaisons de ses arbres séculaires. Partant du massif de rhododendrons qui a remplacé la fontaine des dauphins, nous parvenons au Pavillon de l'Etoile, qui est le bijou du Parc. De là nous allons rêver d'art et de poésie au Mont Parnasse, la montagne des Muses. Descendons maintenant à l'étang du Miroir, le bien nommé, et goûtons le jeux de la lumière, de l'eau et des couleurs, sans parler de la grâce des oiseaux aquatiques évoluant parmi les reflets.

    En traversant de merveilleux jardins à la française qu'on tentera sans doute un jour de reconstituer comme ils étaient, on parvient à ce grandiose plan d'eau encadré d'arbres qui s'appelle le Canal. Quelle joie profonde de pouvoir contempler ces lieux admirables quelle que soit la saison, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit... Bonheur d'un clair de lune inondant le site d'une poésie intense...

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    Tel est l'héritage laissé par le duc Philippe-François d'Arenberg et son oncle le Père Charles. Dans le première moitié du XVIIIe siècle, le duc Léopold-Philippe va rénover le château malheureusement disparu, et dessiner la cour d'honneur avec ses pavillons classiques et les écuries ; l'arc de Triomphe, construit naguère non loin de la Patte d'Oie, est déplacé de manière à servir désormais de porte d'entrée. Ici même, à l'arrière de l'Orangerie dont l'emplacement est occupé par le château Empain, le duc fait tracer... mais oui, les Champs Elysées.

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    A l'actif du duc Charles-Marie, dans le troisième quart du XVIIIe siècle, signalons, en plus d'innombrables grands travaux, la création de l'étang des Canards, où princes et princesses d'Arenberg auront le loisir de voguer d'îlot en îlot, comme de vrais grands navigateurs à la découverte des océans...

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992Le duc Prosper-Louis enfin nous a laissé le site, romantique à souhait, de la chapelle castrale, imposant souvenir du château du XIIIe siècle, mais surtout réceptacle d'un véritable trésor d’œuvres d'art.

    On le voit, le Parc d'Enghien est un immense joyau ciselé à longueur de siècles par l'illustre lignée des ducs d'Arenberg ; c'est un chef d’œuvre vivant dont la ville d'Enghien a recueilli le dépôt sacré ! Puissent les Enghiennois de l'avenir garder à jamais dans leur mémoire l'impérieuse nécessité d'une fidélité sans faille.

     

     

    10. Scène Finale.

     

    La partie d'échecs est finie ; toutes les pièces sont là, au pied du château. Dans ces lieux qui en ont tant vu depuis tant de siècles, elles témoignent de l'incroyable richesse de l'histoire enghiennoise.

    Revoyons-en quelques unes parmi les plus importantes :

    • le duc Léopold-Philippe d'Arenberg et son épouse la princesse Françoise Pignatelli ;
    • le prince comte Charles d'Arenberg et son épouse la duchesse Anne de Croy ;
    • le roi Henri IV et son épouse la reine Marie de Médicis ;
    • le comte de Saint-Pol et son épouse la comtesse Marie de Savoie ;
    • le seigneur Hugues d'Enghien et son épouse dame Elisabeth de Luxembourg ;
    • et enfin, émergeant en 1092 des brumes d'une lointaine histoire, ceux-là mêmes dont nous célébrons cette année le neuvième centenaire, le seigneur Engelbert d'Enghien et son épouse Béatrice.

     

    Et voilà... La partie d'échecs s'est achevée, comme s'est achevée en 1918 la période d'Arenberg. Le domaine, mis alors sous séquestre, pouvait connaître le pire, être loti, détruit, effacé de la carte. Devenu en 1924 la propriété du baron François Empain, il est sauvé du désastre.

    Et lorsque le 20 janvier 1986 la ville d'Enghien en fait l'acquisition, il est resté lui-même et promis aux plus belles espérances.

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

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    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    COMITE ORGANISATEUR  « ENGHIEN ANIMATION »

    Président

    Clément CROHAIN, Bourgmestre de la Ville d'Enghien

     

    Secrétaire

    Jean LEBOUCQ

     

    Trésorier

    Roger FRANCOIS

     

    Membres

    Michel CLAESSENS
    Oscar FRANCOIS
    Claude HELIN
    Jacques LEROY, échevin de la Culture
    Paul VANDERROOST
    Robert WAUTERS

     

    Une mise en scène de Claude HELIN
    Sur un texte et idée originale de Roger FRANCOIS
    Choréographie : Ingrid VANDESANDE
    Production : ENGHIEN ANIMATION
    Organisation générale : Jean LEBOUCQ
    Eclairage / son : C.H.A. Claude HELIN
    Accessoiriste / habillage : Michel CLAESSENS
    Régie son et éclairage : Hervé COCHE
    Maquillage : Claudine DECHENE
    Materiel : Gaby VANPASSENHOVE
    Sécurité : Gérard PATTE ( Commandant des Pompiers )
    et Guy VANDERBEKEN ( Commissaire de Police )
    Caisse : Dany DEHANDSCHUTTER
    Gestion Village V.I.P. : Paul VANDERROOST

     

    Cette organisation a été possible grâce à la collaboration de nombreux sponsors locaux et extérieurs à notre cité. Nous avons reçu la collaboration de différentes societés sportives, culturellles et philantropiques de notre entité qui avec des bénévoles permettent la réalisation de ce spectacle.

    Cette réalisation est due aussi au dévouement de plusieurs personnes qui, bénévolement et spontanément, assurent des tâches qui nous conduisent à la réussite.

    Enghien Animation tient particulièrement à les remercier :

    AMYLUM
    ATELEC
    BOUCHER
    BRASSERIE DE SILLY
    CEBA
    CONFEDERATION BELGE DES BRASSEURS
    CORMAN
    CREDIT COMMUNAL DE BELGIQUE
    DECOR TEAM
    FACOVIT
    GABRIEL
    GENERALE DE BANQUE
    LOTERIE NATIONALE
    PHYTOPHAR
    RAFFINERIE TIRLEMONTOISE
    SUCRERIE DE FONTENOY
    TOP BRONNEN

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992

     

    Si Enghien m'était conté...du 7 au 12 septembre 1992