• L'abbé Théophile Kisalu, un doyen venu d'ailleurs

     

     

    INSTALLATION DE L'ABBE THEOPHILE KISALU EN QUALITE

    DE CURE-DOYEN DE L'UNITE PASTORALE

    D'ENGHIEN-SILLY ET DU PAYS D'ATH

    ENGHIEN LE 18 OCTOBRE 2020

     

     

    Longue route au nouveau doyen du Pays d'Ath !

     

    En ce dimanche 18 octobre, jour de la mission universelle de l'Eglise, le Pays d'Ath a accueilli son nouveau doyen, l'abbé Théophile Kisalu.

     

    L'abbé Théophile Kisalu, un doyen venu d'ailleursSuccédant à l'abbé Benoît Lobet, devenu curé-doyen de la Cathédrale des Sts Michel-et-Gudule et doyen de Bruxelles Centre, l'abbé Kisalu a été installé lors d'une célébration à l'église Saint-Nicolas d'Enghien. Outre ses fonctions de doyen du doyenné du Pays d'Ath (anciennement région pastorale d'Ath), il est devenu également le curé de l'UP d'Enghien Silly.

     

    Sous le signe des mesures sanitaires

    En raison des contraintes sanitaires, seules 200 places étaient disponibles dans l'église. Pour pouvoir assister à la célébration, l'inscription préalable était obligatoire et seules deux personnes pouvaient réserver ensemble. Signe de l'intérêt des fidèles, les places avaient toutes été réservées en quelques jours (même si des chaises vides indiquaient que tous n'avaient pu être présents). L'assemblée était composée de paroissiens de l'UP mais aussi de personnes venues de tout le Pays d'Ath et de fidèles de l'UP des Prieurés, ancienne UP de l'abbé Kisalu.Pour pouvoir accueillir tout ce monde dans le respect des règles d'hygiène, la paroisse avait mis les petits plats dans les grands. A chaque entrée de l'église, du gel hydroalcoolique était mis à disposition et des personnes vérifiaient les réservations de chacun. Une caméra et des écrans étaient disposés de façon à permettre aux fidèles de suivre la célébration, même sans avoir de vue directe sur l'autel. Au moment de la communion, ce sont les prêtres qui sont passés de fidèle en fidèle pour leur remettre l'hostie consacrée.

     

     

    Sous les applaudissements

    L'accueil de l'abbé Kisalu a été des plus chaleureux. Deux chorales ont égayé la messe de leurs chants : l'une chantait en français et était accompagnée de l'orgue, tandis que la seconde était une chorale africaine avec ses musiciens. Ses chants en Swahili, ont été entonnés notamment lors de la prière pénitentielle et de la présentation des dons. 
     
     

    L'abbé Théophile Kisalu, un doyen venu d'ailleurs

    L'abbé Théophile Kisalu, un doyen venu d'ailleurs

     
     
    Lors de son installation, au moment où le vicaire général, Olivier Fröhlich, lui a remis le lectionnaire, des applaudissements chaleureux ont retenti sous la voûte. Son premier message en tant que doyen a également été applaudi par toute l'assemblée qui s'est mise debout. Et lors de la procession de sortie, de joyeux « you-you » se sont joints à de nouveaux applaudissements nourris.L'abbé Kisalu, tout comme le diacre Germain Deridder, ont d'ores et déjà invité les paroissiens à une célébration « encore plus festive », avec un moment de convivialité, dès que la situation le permettra.

     

    L'abbé Théophile Kisalu, un doyen venu d'ailleurs

     

    Longue route !

    L'abbé Théophile Kisalu, un doyen venu d'ailleursDans son mot d'accueil, le président de la fabrique d'église Saint-Nicolas d'Enghien a rappelé le parcours du nouveau doyen. Parlant de son caractère, il dit : « Ayant eu l'occasion de vous rencontrer quelques fois depuis votre arrivée, j'ai été très sensible à votre accueil, votre gentillesse, votre sourire, votre très grande capacité d'écoute mais aussi votre aptitude à discerner rapidement l'essentiel et à tracer les perspectives d'action. Votre vie de professeur ressurgit spontanément. Directement j'ai senti votre volonté d'inscrire votre ministère dans une ouverture au monde et à l'Eglise universelle ».Souhaitant la bienvenue, il précise qu'il aura l'aide des prêtres et diacres du doyenné mais aussi des centaines de bénévoles du Pays d'Ath : « Au nom de tous les paroissiens de l'Unité pastorale d'Enghien-Silly, je vous souhaite plein de réussite dans votre apostolat et beaucoup de joie et de bonheur à vivre parmi nous dans notre charmante cité d'Enghien mais aussi dans l'ensemble de vos unités pastorales du doyenné d'Ath. Vous en ferez des kilomètres ! Monsieur le doyen, longue route parmi nous et avec nous ». Pour rappel, en devenant doyen du Pays d'Ath, l'abbé Kisalu aura la charge non seulement des 12 clochers de l'UP d'Enghien-Silly mais aussi des 7 unités pastorales qui composent le doyenné, soit 102 clochers, répartis entre la frontière française (Bernissart) et la banlieue bruxelloise (Enghien) !

     

     

    HOMELIE DU VICAIRE GENERAL

     

    Depuis quelques semaines, on voit fleurir sur les réseaux sociaux et dans les médias des critiques de ce qui nous est imposé, notamment l’obligation de porter le masque. Certains estiment que l’Etat n’a pas le droit de nous imposer des règles aussi contraignantes.

    Du temps de Jésus, une autre question se pose : faut-il payer l’impôt à l’occupant romain ? Payer l’impôt dans nos sociétés démocratiques est une obligation morale, c’est la manière dont chacun contribue au bien commun, à la mesure de ses moyens. Mais, à l’époque du Christ, la Judée est occupée par Rome. Et l’impôt ne sera pas nécessairement redistribué dans le pays. La question est donc légitime, mais, en outre, elle est posée pour piéger Jésus.

    Comment va-t-il s’en sortir ? « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt 22,21) Cette réponse devenue proverbiale peut sembler une pirouette, mais nous fait toucher au cœur de la pensée de Jésus. Juste avant ces paroles célèbres, il demande à ses interlocuteurs qui est représenté sur la pièce. L’empereur, selon la pratique du temps. Donc, ce qui est à l’image de l’empereur doit revenir à l’empereur. Et donc, si je poursuis la logique du raisonnement de Jésus, ce qui est à l’image de Dieu doit revenir à Dieu. Voilà le cœur de sa pensée : recherchez l’image de Dieu pour lui confier ce qui lui revient !

    Où la trouvons-nous cette image ? Essentiellement en tout être humain, créé « à l’image et à la ressemblance » de Dieu (cfr Gn 1,26-27). Au plus profond de notre être, au plus intime de notre cœur, est gravée en nous l’image de Dieu. Comme le souligne saint Augustin : « Si César cherche son effigie sur la monnaie — affirme-t-il —, Dieu ne cherche-t-il point son image dans l’homme ? » (Enarrationes in Psalmos, Ps 94, 2).

    Et la mission de l’Eglise, au cœur de notre monde désormais sécularisé, est de rappeler que l’être humain est image de Dieu. C’est le service que nous pouvons rendre à l’humanité : nous sommes sacrements, signes, de l’image de Dieu au cœur de notre monde. Comme le dit le chant : « Tout homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu. »

    Vous accueillez aujourd’hui votre nouveau doyen, c’est l’occasion de nous rappeler qu’un prêtre n’est pas l’homme à tout faire, ou à tout décider, ou à tout célébrer… Il est là pour « animer » les communautés chrétiennes, au sens premier du mot, qui signifie « donner une âme », donner une âme à nos communautés chrétiennes, leur rappeler leur mission. En ce dimanche de la mission universelle, il nous faut retrouver le cœur de la mission de l’Eglise, témoigner au cœur de ce monde que l’être humain, homme et femme, est image de Dieu, et que nous le confions à Dieu.

    Qu’est-ce que cela signifie pour nous ?

    Il nous faut toujours rechercher l’image de Dieu, en tout être humain. Il y a aujourd’hui tant de femmes et d’homme qui voient cette image abîmée en eux, blessée par les circonstances de la vie, dégradée par les humiliations subies. Il est urgent de découvrir l’image de Dieu gravée en chacun, de la faire grandir, pour rendre la dignité et l’espérance à chacun. Il faut aussi nous engager dans la fraternité et la solidarité, telles que le pape François nous les propose dans sa nouvelle encyclique Fratelli Tutti. C’est le défi de la fraternité.

    Il nous faut aussi cultiver cette image de Dieu en nous-mêmes. Nourrir notre vie spirituelle est un devoir, car la vie spirituelle fait grandir en nous l’image de Dieu, fait grandir en nous le grain de blé de la Parole de Dieu. La spiritualité nous fait collaborer à l’œuvre créatrice de Dieu en nous. C’est le défi de la spiritualité.

    Si l’être humain est image de Dieu, cela signifie qu’il est capax Dei, capable de Dieu, pour reprendre une expression de la théologie. Nous sommes capables de découvrir Dieu, d’entrer en relation avec lui…Notre société sécularisée nous ferait volontiers penser l’inverse. Nous avons à témoigner du Seigneur non en tentant de convaincre à tout prix, mais en croyant que celles et ceux à qui nous nous adressons sont des femmes et des hommes libres et responsables, et qu’ils sont capables de Dieu. C’est le défi du témoignage.

    Il nous faut enfin « rendre à Dieu ce qui est à Dieu », selon les mots de Jésus. Quand nous prions, que nous célébrons, nous offrons à Dieu tout ce que nous sommes, nous offrons à Dieu les joies et les souffrances de l’humanité. Nous célébrons, pas seulement pour nous, mais pour toute l’humanité. Au cœur de ce monde, nos communautés offrent à Dieu l’humanité dans tout ce qu’elle est, avec ses grandeurs et ses fragilités…C’est la La Messe sur le monde de Teilhard de Chardin. C’est le défi de la prière et de la célébration.

    Fraternité, spiritualité, témoignage et célébration. Voilà 4 défis lancés à notre Eglise, afin qu’elle soit fidèle à sa mission, qu’elle soit témoin que l’homme est une image sacrée. Je vous souhaite de pouvoir relever ces défis ensemble.

    Et je termine en faisant miens ces mots merveilleux de l’apôtre Paul que nous a rappelé la 2e lecture : « À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. » (1 Th 1,2-3)

     

     

    Source : Marie Lebailly - Diocèse de Tournai.

     

     

    C'est une première dans notre diocèse : un prêtre d'origine africaine est désormais doyen du Pays d'Ath (anciennement région pastorale d'Ath).

    L'abbé Théophile KisaluAvec le départ de Benoît Lobet pour Bruxelles, nombreux étaient ceux qui se demandaient qui lui succèderait comme curé d'Enghien-Silly et comme doyen du Pays d'Ath. Ce sera l'abbé Théophile Kisalu, actuel curé des Prieurés et prêtre du diocèse de Kikwit (RDC).

    « Je viens de Kikwit, en République Démocratique du Congo, où j'ai fait toute ma scolarité, de l'école primaire au grand séminaire. J'ai d'abord travaillé comme prêtre enseignant et ensuite dans les unités de production1 de mon diocèse, en m'occupant de l'accompagnement des animateurs en pastorale. C'est cette expérience pastorale qui a permis d'ouvrir des perspectives pour moi, notamment de faire des études à Louvain-la-Neuve. »

     

    Axé vers l'animation et la formation

    Arrivé en Belgique en 2004 pour faire une spécialisation en théologie pastorale, en mettant l'accent sur la formation, il n'a depuis plus quitté notre pays, sauf pour quelques congés au pays. Après ses études, il est devenu vicaire dans l'UP de Jumet (aujourd'hui UP Sainte-Marie-Madeleine) durant l'année pastorale 2007-2008 avant d'arriver dans l'UP des Prieurés en 2013. « J'ai toujours pensé que l'expérience pastorale que je faisais en Belgique servirait à alimenter et à concrétiser certaines théories apprises à l'université, mais le temps passant, je me suis retrouvé responsable d'unité pastorale dans les Prieurés et me voici sept ans après nommé au pays d'Ath, avec résidence à Enghien. »

    « Très sincèrement, je me considère comme un animateur, au sens de quelqu'un qui apporte un peu de son souffle dans ce qui se fait. Je peux apporter ce souffle dans différents domaines, par exemple sur le plan de la formation – c'est un peu l'un des domaines pour lesquels j'ai assez d'outils – mais une formation qui vise un savoir-être au fond de la personne. Et pour cela, je pense qu'il faut travailler dans le sens d'insuffler des dynamiques pour que les personnes qui participent soient capables d'aller de l'avant avec ou sans votre présence. »

     

    Une nomination surprise

    Sa nomination a été reçue comme une grande surprise : « Le jour où [cette mission] m'a été proposée par le vicaire général, nous venions de parler de tout à fait autre chose. Et c'est au moment de partir qu'il m'a posé la question. Honnêtement, j'ai dit non, que je ne pensais pas que ce serait une bonne chose. J'ai eu peur, en fait. Avec ce que nous avions lancé dans les Prieurés, avec les équipes que nous venions de mettre en place, cela risquait d'être comme une cassure. »

     

    L'abbé Théophile Kisalu

     

    A la demande du vicaire général, il y a réfléchi pendant quelques jours avant de finalement accepter : « Je lui ai dit : "Si vous pensez que je fais partie de la solution au problème, alors j'accepte". Je lui ai donné comme condition de venir lui-même expliquer, notamment à l'EAP. Nous avons convoqué une réunion de l'EAP et il est venu expliquer les choses très clairement, très simplement. Cela a permis à beaucoup de comprendre que ce n'était pas par fantaisie ou parce qu'on aimait pas les Prieurés mais que c'était un besoin d'Eglise. »

     

    Un nouveau défi à relever

    « C'est un nouveau défi », ajoute-t-il. « Il y a une espèce d'appréhension mais pas de panique. C'est une réalité inconnue, réalité du milieu qu'on ne connaît pas et qu'on doit découvrir. On doit apprendre à connaître les gens, les nouvelles réalités pastorales avant d'essayer de porter l'un ou l'autre projet pour dynamiser ce qui peut l'être ou poursuivre ce qui a été commencé. Je ressens aussi beaucoup d'enthousiasme. C'est un beau défi à relever. »

    Sa première action comme doyen ? Apprendre à se repérer dans le Pays d'Ath, savoir où se trouvent les clochers et les personnes-ressources. Il l'admet en effet lui-même, sa connaissance de son nouveau doyenné est assez sommaire : « Je ne connais pas du tout le Pays d'Ath. Je suis allé deux fois à Ath même, pour assister à la messe chrismale en 2019 puis pour rendre visite à la communauté des sœurs salésiennes de la Visitation. Il y a aussi une communauté dans mon diocèse, à Kikwit, et lors de notre récent séjour sur place avec Mgr Harpigny nous avions été accueillis par cette communauté. Lorsque ces sœurs sont passées par ici pour leur chapitre général, je suis allé les saluer et les remercier de leur accueil. »

     

    Merci au Seigneur

    Pour son départ, il n'y aura pas une célébration mais trois, une pour chaque commune que comprend l'unité pastorale des Prieurés (Manage, Seneffe et Chapelle-lez-Herlaimont). « Pour moi, ce sont des célébrations d'actions de grâce. Je remercie le Seigneur pour le bout de chemin qu'on a fait ensemble, pour les découvertes, les enrichissements. C'est l'occasion aussi de dire « Il y a des choses qui n'ont pas marché comme on l'aurait voulu » et de se pardonner mutuellement là où les gens ont été blessés pour une raison ou une autre. »

    Son installation officielle comme curé-doyen est prévue le 18 octobre prochain. A ses futurs paroissiens, il envoie ce message : « Merci beaucoup pour l'accueil. J'ai déjà reçu beaucoup de marques de sympathie. Je compte sur vous pour qu'ensemble nous puissions faire partie de cette communauté fraternelle qu'est l'Eglise dans le monde d'aujourd'hui. »

     

    Source : Marie Lebailly - Diocèse de Tournai.

     

     

    UN NOUVEAU CURÉ DE L’UNITÉ PASTORALE ENGHIEN-SILLY  

    UN NOUVEAU DOYEN DU PAYS D’ATH

     

    Théophile Kisalu

     

    Suite au départ de l'abbé Benoît Lobet pour Bruxelles, Mgr Guy HARPIGNY, évêque de Tournai, a nommé Mr l’abbé Théophile KISALU curé de l’Unité Pastorale Enghien-Silly et Doyen du Pays d’Ath. Il prendra ses fonctions en septembre et sera officiellement installé le 18 octobre 2020.

    M. l’abbé Théophile - Théo - KISALU est né à Kikwit le 4 février 1965 et a été ordonné prêtre du Diocèse de Kikwit (République Démocratique du Congo) le 2 août 1992. Maître en théologie de l’Université Catholique de Louvain, il est depuis 2013 curé de l’Unité Pastorale dite « des Prieurés » qui regroupe les entités communales de Chapelle, Manage et Seneffe, soit seize clochers, où il a été unanimement apprécié pour son écoute, sa sagesse, son esprit d’équipe et de décision, ainsi que pour la clarté de ses homélies et prises de parole.

     

     

     

    Homélie du 16 septembre 2018
    24e dimanche du Temps ordinaire

    Eglise Saint-Gilles à Fayt-lez-Manage

     

    Chers frères et sœurs,

    Dans mes différents contacts, j’entends régulièrement des personnes me dire, sous forme d’excuse : je suis croyant, mais pas pratiquant. Et lorsque je prolonge la réflexion en leur demandant: au fait, pour vous, en quoi consiste la "pratique". La réponse dévoile leur perplexité et une certaine confusion dans leur compréhension de la manière d’être chrétien. Les pratiquants de la foi au Christ sont plus nombreux que ceux qui se rassemblent pour prier ensemble, parfois dans des lieux différents et lointains, spécialement chaque dimanche ou pendant les jours de fête. Et en dépit de statistiques qui valent ce qu’elles valent, nous chrétiens, ne pouvons pas nous considérer comme une espèce en voie de disparition. En effet, bien au-delà de la fréquentation de la messe et des sacrements, la foi chrétienne et ses différents rites s’enracinent dans la vie, dans le quotidien. "Montre-moi ta foi sans les œuvres; moi c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi." Nous voilà toutes et tous avertis. Loin de convenances qui l’enferment ou la contestent, la foi se donne à voir dans ce qu’elle accomplit, dans ce qu’elle réalise aussi bien sur la vie personnelle que sociale. La foi a besoin d'un engagement concret et l'engagement a besoin de la foi. Si nous laissons la foi nous transformer jour après jour, nous faire sortir de nous-mêmes, nous ferons l’expérience de la vraie libération. Gardons-nous donc de faire de notre foi, une idéologie ou une chimère dangereuse. Jésus nous invite à greffer notre vie de foi à la sienne pour lui faire porter du fruit et faire s’épanouir la vie.

    Pour susciter justement notre prise de conscience, Jésus nous interroge toutes et tous, à travers Pierre: "Pour vous qui suis-je?", pour toi qui écoutes ce texte aujourd’hui, qui est Jésus? A cette question, il n’est pas sûr que nous aurions mieux répondu comme Pierre, en son temps. Et comme nous le faisons souvent, Pierre répond d’abord à partir de ce que disent et pensent "les autres".

    Nous connaissons et faisons souvent usage des formules bien connues pour voiler nos propres intentions: "on raconte que…", "les gens disent que…" ou encore "les gens ne veulent que…". Jésus ne s’arrête pas à ce que pensent les uns et/ou les autres; Il veut entendre la réponse de ses disciples. Il veut nous entendre, en nous aidant à assumer nos opinions, et à lui répondre personnellement: "Pour vous, qui suis-je?" Pierre n’hésite pas, pour lui, Jésus est le Messie attendu. Mais de quel Messie parle-t-il? Quand Jésus annonce qu'il sera un Messie crucifié, Pierre n'est plus d'accord. Ce qu'il attend de "son" Messie, c'est la domination, le triomphe. Un Messie taillé à sa mesure à lui, et qui réalise ses propres fantasmes. Jésus n’hésite pas à remettre les idées de Pierre à leur juste place: "Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes"!

    Entre le projet de Dieu et nos perceptions ou nos attentes humaines subsistera toujours un grand écart, surtout si nous projetons sur Dieu nos calculs. Comme pour ses disciples, Jésus nous déstabilise en nous révélant le visage de Dieu; un Dieu outragé et aimant jusqu’au sacrifice suprême. Il n'est pas celui que nous pouvons mettre de notre côté pour nous faire réussir dans nos affaires ou triompher de nos adversaires. Suivre Jésus nous conduit à renoncer à nos certitudes et faire confiance à sa grâce. L’occasion nous est donné aujourd’hui de questionner nos pensées à la lumière de cette Parole: Comment sont nos pensées? Vers quoi sont-elles tournées? Sur quoi s’appuient-elles? A quoi aboutissent-elles? Tout en donnant notre réponse personnelle de foi, laissons Dieu nous dérouter et nous révéler son visage à travers son Christ. Amen.

    Abbé Théophile KISALU

    Sources :

    Les notes du Carillon - Abbé Benoît Lobet
    Cathobel