• Le Parc d'Enghien en 1821

     

    L'année 2016 marquera le 30e anniversaire de l'ouverture du Parc d'Enghien aux Enghiennois ainsi qu'au public.

    Durant ces années de nombreux articles ont été publiés sur son histoire, sa conception, sa conservation et sa restauration. Auparavant, bien d'autres articles ont montré la splendeur de cette superbe propriété qui s'étendait sur plus de 300 hectares.

    En 1821, Charles de Tyberchamps a publié une Notice descriptive et historique des principaux châteaux, grottes et mausolées de la Belgique.

    Licencié en droit, avocat à la cour d'Appel de Bruxelles, puis premier substitut du procureur du Roi près le Tribunal de première instance de Namur,  l'auteur donne une description du parc d'Enghien peu après la Révolution française.

    Pour permettre une analyse aisée et comparative, les caractères italiques en bleu sont utilisés pour le texte de 1821 et les caractères droits pour le texte correspondant à la situation actuelle (1996).

    Le lecteur, à l'occasion de ses visites du domaine, pourra constater l'évolution du Parc depuis 1996.

     

    CHÂTEAU D'ENGHIEN

    Cette terre, située à une lieue (1) de Steenkerke fut vendue en 1607, par Henri IV, roi de France, à Charles de Ligne (2), prince d'Aremberg. C'était ci-devant une pairie (3) de la province du Hainaut ; on ne voit plus qu'une tour (4) qui faisait partie de l'ancien château (5) de Henry IV ; elle sert maintenant de chapelle. Le possesseur de cette superbe terre est S.A.S. Mgr. le duc de Croy d'Aremberg et d'Aerschot (6).

    (1) Ancienne mesure de longueur : de 4 à 4,4 km, pour la lieue terrestre.
    (2) Charles, prince et comte d'Arenberg, né le 2202.1550 à Vollenhove, fils de Jean de Ligne, baron de Barbançon et de Marguerite de la Marck et d'Arenberg, marié à Anne de Croy le 04.01.1587, Chevalier de la Toison d'Or, décédé à Enghien le 18.01.1616.
    (3) Pairie : fief appartenant à un pair, jadis grand vassal du Roi ; plus tard, seigneur d'une terre élevée en pairie. L'érection de la terre d'Enghien en pairie du Hainaut fut octroyée le 28.11.1680, selon la lettre patente du roi Charles II (17.03.1700).
    (4) Tour : celle de la Chapelle castrale.
    (5) Château érigé par les d'Enghien, habité ensuite par les Luxembourg, les Bourbon.
    (6) Prosper Louis duc d'Arenberg, né à Enghien le 28.04.1785 ; fils du duc Louis-Engelbert d'Arenberg et de Louise-Marguerite de la Mark ; marié à Stéphanie Tascher de la Pagerie le 01.02.1808 ; mariage annulé civilement et religieusement en 1818 ; remarié à Ludmille de Lobkowitz le 26.1.1819 ; décédé à Bruxelles le 27.02.1861.


    Se référant au plan du Parc d'Enghien gravé par Charles Senefelder en 1818, l'auteur poursuit sa description.

    On remarque :

    La porte d'entrée, placée au milieu de deux pavillons (1)
    La glacière (2)
    La belle pelouse, en face de cette porte, garnie d'arbres verts.

    (1) Il s'agit des arcades construites en 1812 entre les deux pavillons et aujourd'hui passage obligé entre la Grand Place et le Petit Parc. Elles sont appelées Porche du duc Louis d'Arenberg et proviennent des châteaux de Grimbergen et de Drogenbos. (Y. Delannoy, Enghien, p. 26)
    (2) Dans le Petit Parc bien que partiellement comblé, l'accès à l'ancienne glacière existe toujours, et le dôme en briques et moellons est visible depuis les deux avenues qui cernent le lieu.


    L'auteur ne dit pas si cette pelouse se situait dans l'actuel Grand Parc ou dans le
    Petit Parc. En examinant en détail le plan de Senefelder on peut délimiter avec précision un espace circulaire bordé d'arbres dans le Petit Parc. Dans l'actuel Grand Parc par contre, s'agit-il de la pelouse située autour de la chapelle castrale?


    La statue d'Hercule qui est au bout de cette pelouse

    Aucun ouvrage ne fait mention de l'existence d'une statue dans cette zone soit du Petit Parc ou de la cour d'Honneur. La seule pièce reprise sous ce nom et mentionnée dans le domaine, se situait dans l'Orangerie. Aujourd'hui Hercule a quitté le parc d'Enghien pour une destination inconnue.


    Les trois Pavillons

    Passé la porte des Esclaves, nous trouvons deux pavillons, à gauche celui des archives et celui des bains, le troisième, dit des Princesses, fait face aux Écuries. Il se pourrait toutefois qu'il s'agisse ici de la bâtisse sïse dans le Petit Parc et actuellement propriété de M. M. Demoortel.


    La tour isolée, servant de Chapelle

    Le château vient d'être détruit, seul reste la tour de la chapelle. Elle connaîtra heureusement un embellissement qui assurera sa survie. C'est le duc Prosper Louis d'Arenberg et son épouse, la princesse Ludmille de Lobkovitz qui en feront un trésor.


    Les remises

    Il s'agit des bâtiments, qui, depuis l'acquisition du domaine par la famille Empain, se situent au delà du mur délimitant l'actuelle cour des Acacias. Ils sont actuellement la propriété de la famille De Bodt.


    Les Écuries

    Construites en 1720, suivant les plans de l'architecte Heroguelle, elles pouvaient accueillir 78 chevaux. Elles se prolongeaient par la grange, qui fut détruite suite à un important incendie.


    La basse-cour

    Passé le porche d'entrée du Château (rue du Château), alors entrée principale du domaine, s'étendait la basse-cour, plus précisément à l'arrière de l'actuel monument de Steenkerque, en descendant vers l'étang du Moulin.


    Le magnifique sanglier de bronze

    Implantée entre les deux cabinets comme de nos jours, cette superbe copie de bronze du Sanglier de Florence trône sur son socle de marbre de Rance.


    Les deux cabinets placés près du Sanglier

    Appelés fabriques, pavillons ou cabinets : le pavillon chinois et le pavillon aux toiles.


    Le jardin anglais, dans lequel on remarque plusieurs tulipiers (1) d'une
    beauté rare.

    (1) Tulipier : arbre originaire d'Amérique du Nord, de la famille des magnoliacées, dont la fleur ressemble à une tulipe. Cette essence a disparu du Parc.


    Sur le plan de Senefelder apparaît distinctement le jardin anglais situé à l'endroit du
    Jardin des Fleurons, dont la restauration est projetée. La définition Jardin Anglais est liée à son organisation et à sa composition, par opposition au Jardin Français ou autres.


    Le grand canal, ci devant le miroir (1), entre deux allées d'arbres verts.

    (1) Le Miroir désigne aussi l'étang des Balustres.


    Le Miroir, désigne la partie avant du Grand Canal notamment sur les gravures et plans
    réalisés par Romain de Hooghe. Pour les allées d'arbres verts, le plan de Senefelder montre très bien ces plantations de part et d'autre de cette surface d'eau. Les grands platanes et autres arbres remarquables que nous connaissons sur les berges du Canal devaient faire partie de ces arbres verts.


    La digue du côté gauche présente une belle pelouse garnie d'arbres verts

    Si l'on peut voir représentées sur le plan de Senefelder les plantations d'arbres verts, il est par contre plus difficile de déterminer un espace pelouse en ce lieu. Aujourd'hui, les buissons couvrent le sol sous les hautes futaies.


    Le Mail

    Espace rectiligne et plat qui servait pour le jeu du mail, situé parallèlement au Canal selon les gravures de Romain de Hooghe et les plans antérieurs à celui de Senefelder. De faibles parties du mail subsistent encore aujourd'hui ; elles sont repérables dans l'actuelle végétation et visibles depuis les allées qui descendent vers le Canal.


    Le pont de séparation du canal

    Ce pont existe toujours et se situe sous le chemin empierré qui assure le passage entre le Canal et l'étang du Moulin. Le pont apparaît très nettement sur le plan de 1818.  A cette époque, les deux étangs ne font qu'un.


    Le nouveau parc, qui se trouve du côté droit du canal, en montant vers le
    pont

    De cette partie dite du "nouveau parc", il ne reste aujourd'hui que des morceaux. Ils sont situés entre le fossé de trop plein à droite du canal et la drève parallèle au canal qui conduit à l'arrière du Parc vers les chênes. Actuellement partie non visitable du domaine.


    Le nouveau canal non achevé

    En fonction de la comparaison entre les gravures de R. de Hooghe et le plan de Senefelder, on peut situer le nouveau canal à l'arrière du canal actuel, dans la zone sise après le rétrécissement, et visible de la berge de séparation entre les deux étangs.


    Le beau point de vue du village de Hoves, pris au-dessus du mail, quand
    on a le canal à droite

    Tout porte à croire que de la partie arrière du canal, dans la zone non visitable, l'on pouvait apercevoir Hoves par dessus les frondaisons des arbres du nouveau Parc.


    La ferme de Devroüe, qui se trouve située dans le nouveau Parc

    Cette ferme, plus connue sous le vocable "Ferme du Parc" et où est installé un manège, se situe au delà de l'autoroute A8 et de la ligne TGV. Devroüe, -plus exactement Devroede-, est le nom du locataire de cette ferme pendant de nombreuses années.


    Le vieux canal, qui conduit au château brûlé

    Situé à l'arrière du Canal et visible seulement depuis les "trois chênes" ou de la ferme du Parc et de la chaumière. Aujourd'hui zone sauvage du canal, devenue roselière et où l'envasement par les boues venant des champs voisins est important. Château brûlé : en 1779 le jeune duc Louis Engelbert fait démolir la Cense, implantée dans la zone arrière du Parc. En lieu et place il fera construire un château (architecte Montoyer ) qui sera ravagé par le feu le jour de son inauguration, le 28 octobre 1786.


    L'île d'arbres verts où se termine le vieux canal

    Cet espace émergeant du canal n'est plus visible de nos jours. L'envasement et l'expansion de la verdure ont modifié naturellement la berge du canal. Ce secteur se situe en contrebas de la chaumière dans la partie sauvage du domaine.


    Un seul pavillon qui reste du château brûlé

    Ce pavillon proche de la ferme actuelle n'existe plus ; seul ça et là, quelques morceaux de murs sont éparpillés dans une prairie où paissent tranquillement les moutons.


    La chaumière où est mort en l'an 1778 S.A.S. Mgr Charles duc d 'Arenberg (1)
    , duc d'Aerschot et de Croy, prince du St Empire Romain, de Rebecq et de Porcian, et grand d'Espagne de la première classe, chevalier de la Toison d'Or, grand-croix de l'ordre royal et militaire de Marie-Thérèse, feldzugmeister du Saint-Empire, colonel-propriétaire d'un régiment d'infanterie, conseiller intime d'Etat, grand bailly, officier souverain du Hainaut, gouverneur de Mons

    (1) Charles-Marie-Raymond duc d'Arenberg, né à Enghien le 31.07.1721 ; fils du duc Léopold Philippe d'Arenberg et de Marie-Françoise Pignatelli ; marié à Louise Marguerite de la Marck-Schleiden le 18.06.1748 ; chevalier de la Toison d'Or (1757) ; décédé à Enghien le 17.08.1778.


    La chaumière, bâtisse proche de la ferme, se trouve dans la section privée du Parc. Elle fut aussi appelée "La Baracque" et restaurée en 1954.


    La ferme de Mercier, située dans l'enceinte du château brùlé

    Ferme occupée aujourd'hui par Monsieur Vangheem. Seuls quelques bâtiments anciens subsistent, principalement le corps de logis et les étables. Mercier, -plus exactement Lemercier-, est le nom d'un des locataires de cette ferme.


    L'allée en bois blancs qui communique à la grand'route de Tournay à
    Bruxelles

    Située près du monument funéraire, à hauteur de la porte de bois (côté chaussée Brunehault). L'entrée de l'école de golf aboutit à cette allée qui dessert la ferme du Parc et la Chaumière. Bois blancs : variété produite par des essences comme le peuplier et bois de moins bonne qualité.


    Le gros marronnier

    A cet endroit du domaine, quelques marronniers de belles dimensions.résistent au temps. Toutefois situer celui-ci avec précision est impossible.


    Le beau vase en bronze portant les armes de Mgr le duc d'Arenberg et de
    Mme la duchesse

    Aucun vase de bronze ne subsiste dans cette partie du domaine. On pourrait penser que ce dernier était installé sur le socle en pierre bleue taillée qui aujourd'hui soutient le monument funéraire, œuvre en bronze qui date de l'époque Empain.


    Les sept étoiles ou la colonnade, au milieu d'un bassin qui contient des
    poissons de diverses couleurs; quand on se place au milieu du temple des sept étoiles, on jouit d'un coup-d'oeil magnifique, et qu'on ne peut se figurer sans l'avoir vu : entre les larges arcades on voit sept grandes allées (six sont plantées en hêtres et une en marronniers ) ; entre les petites arcades on voit sept autres allées plus petites que les sept précédentes ; ces dernières sont toutes plantées en hêtres

    Il n'est évidemment pas nécessaire de décrire le monument des Sept Etoiles. Quant aux arbres qui entouraient cette construction, seuls dans les grandes allées, les hêtres et les marronniers sont encore debout, à l'exception du périmètre récemment abattu, et cela pour deux raisons. D'une part, ces arbres, géants aux pieds d'argile, devenaient dangereux non seulement pour l'édifice, mais aussi pour les visiteurs, et, d'autre part, pour assurer le projet de restauration des jardins baroques qui jadis entouraient ce lieu mythique du Parc d'Enghien.

    Le Mont Parnasse. La colonne qui lui sert d'ornement est d'une hauteur prodigieuse: elle est surmontée d'un vase en bronze

    La seule modification existante par rapport à cette description est celle de la matière du vase qui doit être de la fonte ou de l'acier en lieu et place du bronze.


    Une autre allée, dite la large drève, en hêtres

    Aucun plan du Parc d'Enghien ne mentionne ce nom de Large drève. Une des explications pourrait-elle être la Longue drève ?


    Le bois sacré : il y a de gros hêtres plantés en quinconce

    Aujourd'hui, on ne parle plus du "Bois Sacré" mais de la drève du même nom située à l'arrière du Château Empain à l'extrémité haute des "Champs Elysées". Elle permet de rejoindre les abords du Canal et la drève des "Trois cerisiers". Sans doute le bois sacré se trouvait-il aux abords de cette allée tant vers le côté canal
    que vers celui de la drève de la"Patte d'oie".


    Une allée qui descend vers l'orangerie

    Sur le plan de Senefelder l'allée ici mentionnée est représentée large et délimitée par des charmilles. On peut déjà deviner les formes actuelles des "Champs Elysées" qui s'ouvraient sur l'Orangerie.


    Les huit beaux vases en marbre de Gênes, et plusieurs thermes qui se
    trouvent dans la même allée

    Les vases ont disparu depuis longtemps de cette perspective. Pour les thermes, toutes les définitions nous reportent à ces installations de bains chauds. Cependant, une carte postale ancienne éditée par la Maison Duwez à la fin du XIXe siècle, présente L'allée de l'Orangerie ; on y distingue plusieurs socles sur lesquels sont posés des bustes. D'autre part, la Briève description de la ville, chasteau et parc d'Enghien, par le R.P. Charles de Bruxelles (1), -dans le monde prince Antoine d'Arenberg-, (ACAE VIII) décrit la décoration des jardins autour des Sept Etoiles avec la mention Thermes.

    (1) Antoine prince et comte d'Arenberg né à Bruxelles le 21 .02.1593 ; fils du prince et comte Charles d'Arenberg et d'Anne de Croy ; entré chez les Capucins le 04.03.1616 sous le nom de Charles de Bruxelles ; décédé à Bruxelles le 05.06.1669.


    Je ne dois oublier de vous dire, qu'en ce grand cercle, touttes les entrées de ces 14
    allées, tant greandes que médiocres, sont ornées de 28 Thermes de diverses inventions qui forment un autre cercle beau à ravir, lesquels se joignent avecq des architraves auquels sont affermis les pourtraits des 14 empereurs de la maison d'Autriche, et pardessus les allées qui conduisent aux petits bois se rallient par des arcades, lesquelles comme aussi les Thermes sont ornés de grands vases plains de fruits et toutes ces merveilles se voyent en un instant du centre de ce Temple.

    Le mot Therme représente donc bien une colonnade sur laquelle repose une statue ou un objet.


    La belle pelouse en face de l'orangerie

    Certainement la parcelle la plus large de ce qui forme aujourd'hui les Champs Elysées du Parc d'Enghien.


    Deux statues en marbre de Gênes ; l'une représentant l'enlèvement de
    Proserpine, et l'autre celui des Sabines

    En fonction des importants travaux qui ont conduit à la construction du Château Empain, en lieu et place de l'Orangerie, déterminer avec précision l'emplacement de ces statues est impossible. Toutefois, selon une photo datant de la fin du XIXe siècle et éditée par la Maison Duwez, elles devaient se situer à gauche et à droite de l'Orangerie dans les berceaux de charmilles.


    L'Orangerie et la statue d'Hercule qui s'y trouve

    La situation de ce bâtiment est celle de l'actuel château Empain. Cette imposante construction datée de 1751 fut démontée en 1902 après qu'un incendie l'eut ravagée.


    Les huit berceaux qui se trouvent de l'autre côté de l'orangerie : il s'y trouve
    encore de superbes vases en marbres de Gênes ; des arbres verts d'une beauté rare sont plantés au milieu des carrés qui se trouvent entre les berceaux. Une statue en plâtre, représentant la Vénus de Médicis, orne aussi l'un de ces berceaux

    Berceau : montage réalisé par les jardiniers pour permettre l'implantation d'une charmille ou d'une haie faite avec des arbustes en voûte. Ceux-ci se trouvaient en lieu et place du boulingrin implanté à l'avant du château et dans les anciens jardins qui touchaient presque à l'orangerie. Il reste encore actuellement tant à gauche qu'à droite, à l'avant et sur les côtés du château des allées appelées dans cet article berceau. Quant aux arbres nous pouvons encore admirer certains spécimens comme des hêtres, platanes et frênes qui datent de cette époque.


    L'étang des balustrades

    Aujourd'hui l'étang du Miroir, jadis appelé "Étang de la Motte" et des "Balustrades".


    La tour qui fournit l'eau aux différens jets-d'eau; cette tour reçoit les eaux de l
    'étang Munos (1), qui est situé hors du Parc

    (1) Jean Munoz, chanoine de Leuze et de Mons, inendant général des biens du duc d'Arenberg dès 1663, mort le 30.09.1681.

    Sur la droite de l'étang du Miroir à l'arrière de la cafétéria, ancienne maison du garde, s'élève cette tour dans laquelle se trouve encore une imposante cuve en plomb qui devait recevoir l'eau pour assurer la pression dans les jeux d'eau. Sa dernière utilisation avant de devenir une ruine était celle de fruitier.
    Étang Munoz : Sur la chaussée romaine, passé l'ancien chemin du Noir Mouchon, s'étend une prairie encaissée au milieu de laquelle trône sur une bute, un chêne et un saule. C'était le réservoir d'eau des bassins du Parc. Des photos aériennes, et les différences de coloration du sol montrent bien les canalisations enfouies en terre.


    Côté des Pavillons

    Nous nous retrouvons dans la zone entre le Pavillon des Princesses, l'étang du Miroir, l'auberge du Vieux Cèdre, le terrain d'Enghien Sport, le Cèdre et le jardin conservatoire du Dahlia. Le plan de Senefelder nous montre bien tout cet espace avec les allées et les constructions, à savoir les serres.


    Les différents parcs de rosiers plantés près le pavillon de Mgr. le duc
    d'Arenberg (1)

    (1) Duc Prosper Louis d'Arenberg


    Territoire situé à la fois dans l'actuel Petit Parc et dans le Parc à l'arrière du Pavillon actuellement loué, en se dirigeant vers l'auberge du Vieux Cèdre, dans leur jardin et pelouse et par delà les limites de celles-ci. Le plan de Senefelder présente un espace compris entre deux allées formant pointe qui pourrait constituer ces parterres.


    Les serres, au nombre de trois (1)

    (1) Dans l'iconographie on découvre deux noms de serre, la troisième n'est pas mentionnée.

    Construites dans la parcelle occupée actuellement par le terrain d'Enghien-Sport. Elles avaient pour nom : la serre des palmiers , implantée aux abords du Cèdre du Liban ; la serre Victoria Régina, aux abords d'une habitation sise à l'extrémité de l'ancien verger et devenue aujourd'hui propriété privée ; la troisième n'est pas reprise sous un nom particulier.


    Les bages, au nombre de quatre

    Bage : espace spécifique dans un jardin, non repris dans les dictionnaires anciens et modernes.


    Les six couches

    Dans l'espace jardin , certainement proche des serres. Une couche est une construction basse, couverte d'un châssis vitré, permettant de mettre les semis à l'abri du gel et pouvant donner les températures de germination. Elles sont plus anciennes que les serres, un peu leurs ancêtres.


    Les trois jardins potagers entourés de murailles

    Vraisemblablement implantés dans l'espace devenu depuis peu le Jardin Conservatoire du dahlia, proche aussi de la maison des jardiniers en cours de restauration.


    Le jardin aux fraises

    Sis dans la même zone que les précédents, mais où l'exposition solaire devait être maximale pour assurer une bonne production.


    L'étang des canards, orné de plusieurs massifs de saules pleureurs

    Aussi appelé par les Enghiennois "Étang des Iles"; les massifs de saules pleureurs y ont été remplacés par d'autres essences et des buissons qui assurent la vision champêtre à cet étendue d'eau.


    Le point de vue de la tour dite la Chapelle, pris sur la digue qui sépare l
    'étang des balustrades de l'ile des canards

    Aujourd'hui encore, de cette allée qui ceinture l'étang du Miroir, au passage entre les deux étangs, on peut admirer un joli point de vue sur la Chapelle noyée dans son écrin de verdure.


    Le point de vue du clocher de l'église d'Enghien, pris du côté de l'étang
    des balustrades, en face du pavillon de feu Mme Louise-Marguerite comtesse de la Marck (1), duchesse douairière de S.A.S. Mgr. Charles-Marie-Raimond duc d'Arenberg, duc d'Aerschot et de Croy, etc., chevalier de l'ordre de la Toison d'Or, grand'croix de l'ordre militaire de Marie-Thérèse, feld-maréchal au service d'Autriche, grand bailly et officier souverain de la province du Hainaut

    (1) Louise-Marguerite comtesse de la Marck, née à Paris le 18.08.1730 ; fille du comte Louis Engelbert de la Marck-Schleiden et de Marie-Anne Visdelare, dame de Bienassis ; mariée au duc Charles Marie Raymond d'Arenberg le 18.06.17 48; décédée à Heverlee le 18.08.1820.

    Qui ne connaît ce joli point de vue du Parc d'Enghien, sis vers le milieu de l'allée qui revient vers la Halte du Miroir ; qui n'a essayé de l'immortaliser par la photographie, avec le pavillon, les hêtres pourpres, le Pugiliste imperturbable sur son socle de pierre, le clocher de l'Eglise, la Chapelle Castrale et l'étang du Miroir?


    On dit que le nouveau et l'ancien parc ont trois cents bonniers (1)
    d'étendues : le tout est entouré de murailles.
    La belle allée de hêtres. dite allée Samson.

    (1) Bonnier : mesure de surface, à Enghien : 1ha - 11a - 59ca (A.C.A.E., XIB, 96).

    Cette allée prenait son origine au Sept Etoiles, descendait vers le canal, croisait l'allée de la Patte d'oie, les Champs Elysées pour plonger vers le canal. Au delà, elle se prolongeait jusqu'à la sortie du domaine, du côté de la chaussée de Soignies. Toutefois, elle était sans doute limitée au Pavillon Samson que l'on peut voir sur les gravures de R. de Hooghe. Elle a aujourd'hui disparu.


    Les réservoirs

    Dans cette parcelle boisée, proche du Canal, côté Nautisport, existent divers ouvrages hydrauliques. Il s'agit d'écluses mais également de réservoirs de formes rectangulaires ayant servi pour élever du poisson.


    Le point de vue du pont neuf d'Enghien, pris au commencement de l'allée
    Samson.

    Il pourrait s'agir du Pont de la Dodane qui à l'époque, devait être visible de cette partie du Parc, avant le boisement de l'espace appelé aujourd'hui Camp Anglais.


    Le point de vue de la belle tour gothique servant de chapelle, pris à la même
    place.


    L'auteur termine par cette description de la terre d'Enghien :

    La terre d'Enghien était la première des anciennes baronnies du Hainaut. Le roi d'Espagne Philippe IV céda en 1652 la seigneurie de Braine-le-Comte à la maison d 'Arenberg.

    On lit l'inscription suivante sur une tombe en pierre bleue, placée dans l'église des Capucins à Enghien :

    "Ici gist Charles prince comte d'Arembergh, duc d'Aerschot seigneur d'Enghien, chevalier de la Toison d'Or, fondateur de ce couvent avec madame sa femme Leovel. Sr. duc trépassa en l'an de grâce 1616, le
    10e du mois de janvier ; y étant aussi feu Monseigneur son père, madame sa mère, messieurs ses frères, et avec un de ses enfans mort à marier. Priez Dieu pour leurs ames ".

    Il se trouve dans la même église, vis-à-vis de la seconde chapelle en entrant, un caveau dans lequel on a inhumé S. A. S. Mgr. Charles-Marie-Raimond duc d'Arenberg, duc d'Aerschot et de Croy.

    On voit, au dessus de la chapelle. les armes avec le manteau ducal surmonté d'une couronne ducale ; il est écrit au bas, en latin : mort le 7 mars 1820.

     

    Sources : Jean Leboucq - Le Parc d'Enghien en 1821 - Bulletin trimestriel du Cercle Royal Archéologique d'Enghien - 6/96 - n° 11 - juin 1996 - pp. 224-227 ; 9/96 - n° 12 - septembre 1996 - pp. 241-247 ; 11/96 - n° 13 - novembre 1996 - pp. 259-261.