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A la découverte d'Enghien par d'autres chemins

Religieux d'Enghien

 

Religieux d'Enghien

 

Qui étaient les religieux vivants dans les couvents d'Enghien ?

 

Dans les années 90, Enghien portait encore sa réputation d’être une cité catholique, comme d’autres dans le pays, où le nombre d’ordres religieux encore implantés en cette fin du XXe siècle dans la cité était conséquent. Ils possédaient leur propre couvent, monastère ou établissement d’enseignement (*). D’autres ordres étaient aussi présents à Enghien, mais par contre, en fonction de leurs vœux et de leurs attributions, ils participaient à la gestion et à la vie de certaines communautés, institutions locales, sans pour autant posséder les bâtiments dans lesquels ils travaillaient et priaient.

(*) Les ordres religieux connus à Enghien sont : Les religieuses augustines (Hôpital Saint Nicolas), les Ermites de Saint Augustins, les Béguines d’Enghien, les Capucins, les Carmes Chaussés, les Clarisses Colettines, les prêtres séculiers de l’évêché au Collège Saint-Augustin ainsi que les Sœurs espagnoles, les Conceptionnistes, les Jésuites, les Dames de Nazareth, les Sœurs Noires, les Sœurs de Saint-Vincent de Paul de Gyseghem, les Sœurs de l’Union au Sacré-Cœur, les Frères des Ecoles Chrétiennes au Petit-Collège (Institut Albert Ier), les Ursulines de Calvarienberg dans ce qui était la propriété du baron Daminet, ainsi que les Dames de Nazareth et les Sœurs Franciscaines, les religieuses espagnoles de la Maison de Retraite.

Dans les premières années de ce XXIe siècle, la situation a évolué fortement et est complètement différente de celle des siècles passés. Les unes après les autres, les congrégations, les institutions religieuses, ont fermé leurs portes  pour des  causes diverses : manque de vocations, donc de remplacement des religieux et religieuses âgées, mais aussi regroupement dans les institutions mères pour la limitation des coûts de gestion des établissements n’ayant plus le même impact que jadis. Ces bâtiments, devenus vides, ont été vendus (*) ou cédés, soit aux établissements scolaires catholiques (**) en place, soit aux paroisses (***) de l’entité.

(*) Les bâtiments vendus à des privés sont le Béguinage, la Maison Saint-Augustin, hier le Collège Saint- Augustin et le couvert des Jésuites, le Couvent des Capucins, le Couvent des Sœurs Noires rue de la Fontaine, le Couvent des Carmes Chaussés, la propriété du baron Daminet occupée pendant un certain temps par des congrégations religieuses.

(**) Les bâtiments cédés aux établissements scolaires catholiques sont les composantes du Collège Saint-Augustin.

(***) Les bâtiments  devenus  propriétés  de  la paroisse Saint-Nicolas d’Enghien sont les Clarisses Colettines, le Petit Collège (hier l’Institut des Frères, aujourd'hui l'Institut Albert Ier) et l’Ecole Saint-Vincent de Paul, rue de Sambre, hier réservée pour l'enseignement des filles.

C'est notamment le cas de l’établissement implanté dans le vieux béguinage d’Enghien de 1850 à 1921, le couvent et l’école des Sœurs de l’Union au Sacré-Cœur (*), qui reflète la situation qui se passait également dans les autres maisons religieuses.

(*) Les religieuses de l’Union au Sacré-Cœur avaient leur maison mère à Hoogaerden. C’est en 1804 que fut fondé cet ordre à Jodoigne. En 1805, les religieuses occupèrent à Tirlemont l’ancien couvent des Carmes, jusqu’en 1820. En cette année, elles achètent l'enclos des ci-devants Bogards et y établissent alors le centre de cet ordre. Ce couvent est situé au N-O de l’église de Hoogaerden, tout près de la Ghète. Il est alors entouré d’un vaste étang qui semble indiquer la première destination de cet établissement, une forteresse. (voir Compte-rendu des séances de la Commission Royale d’Histoire ou Recueil de ses Bulletins, tome 10, Bruxelles, 1858)
Voir l'article sur les Sœurs de l'Union au Sacré-Cœur.

 

Religieux d'Enghien

Religieux d'Enghien

 

Ce couvent se composait d’un pensionnat pour jeunes filles, de salles de cours, de réfectoire, de salles de bains avec chauffe-eau au charbon, une grotte, des salles sous la charpente et une partie commune la chapelle, le parc ou jardin et le couvent. Cet ensemble est encore visible aujourd’hui au travers des cartes postales (*) éditées au début du XXe siècle par la maison Nels de Bruxelles, par les Editions Hôtel du Duc de Brabant et le Pensionnat de l’Union au Sacré-Cœur. Aujourd’hui, de toutes ces constructions, ne subsistent qu’un seul bâtiment sis sur le haut de la propriété, devenu bien privé, et les colonnes et fronton en pierre bleue du porche d’entrée de la chapelle.

(*) La carte postale ancienne est un des moyens le plus répandu pour connaître les compossantes d’un ëtablissement scolaire, comme le cas de ce pensionnat, mais aussi des rues d’une ville ou d’un village. La CPA enghiennoise se compose de plus de 1.600 spécimens montrant les nombreuses facettes enghiennoises.

Un faire-part de décès de l’une de ces religieuses permet de voir qui faisait partie des membres de cette congrégation. Le faire-part date de 1862. Le 3 septembre de cette année décédait à Enghien dans sa congrégation de l’Union au Sacré-Cœur, Sœur Marie-Hermance, âgée de 39 ans. C’est très jeune pour notre époque (*).

(*) La moyenne d'espérance de vie pour les femmes est un peu au-dessus de 71 ans aujourd’hui, par rapport à hier où avec les maladies comme la variole, la coqueluche, le choléra, la tuberculose, la diphtérie et d’autres maux que la médecine n’avait pas éradiqué, si bien que passer la cinquantaine était pratiquement un miracle.

Sœur Marie-Hermance, dans le monde, Marie-Joseph Lambermont est née le 7 mars 1823 à Limelette. Elle était le septième enfant de François Joseph Lambermont (1773-1851) (*), bourgmestre de Dion-le-Val (**) et de Marie-Jeanne Vloebergh, originaire de Limal. La famille se composait de Marie-Thérèse (1808-1882), de Marie-Françoise Julie (1815-1884), de François Joseph Xavier (1817-1896), de François Auguste fait baron (1819-1905), de Marie Joséphine (1821-1881), de Marie-Joseph notre religieuse, de Pierre Joseph (né en 1825), d’Adolphe François (né en 1826) et d'Antonia Marie (1828-1905), la cadette.

(*) Lambermont François Joseph (1773-1851), fils cadet de Pierre Joseph Lambermont (1733-1817), époux de Baillet Marie-Thérèse (1731-1805) et qui eurent 8 enfants.

(**) Dion-le-Val est une commune englobée par Chaumont-Gistoux, dans le Brabant wallon

Cette famille est célèbre en Belgique, car l’aïeul connu est Herman Lambermont, né à Liège en 1540 et décédé à Jauchelette après 1594, année ou il émancipa ses fils, dont Herman Lambermont (1570-1637) qui occupait à la fois la fonction d’échevin et de censier (*) à Limelette. Il donnera naissance à une importante lignée, dont le frère aîné de notre religieuse, François Auguste Lambermont (1819-1905), qui occupera simultanément la fonction de Ministre d’Etat, celle de secrétaire général des Affaires étrangères et celle de baron. Pratiquement tous les membres de cette lignée, les ascendants de Sœur Germance, étaient souvent censier, échevin et même bourgmestre.

(*) En droit féodal le censier recevait ou payait le cens. Il y avait d'une part le seigneur censier à qui le cens était dû et d'autre part celui qui devait le cens (généralement un vilain, fermier ou métayer). Dans le nord de la France et en Belgique, le mot « censier » désigne celui qui tient une cense à ferme c'est-à-dire une métairie, une ferme qu'il loue. Aujourd'hui, ce terme (« cinsier » en picard) s'emploie dans le sens de cultivateur, d'exploitant agricole, même lorsque celui-ci est propriétaire des terres cultivées.

De fait, cet homme, qui décéda sans succession, était une figure de l’histoire politique belge de ce temps. Après des études fructueuses de droit à l’Université de Louvain, il entra en 1842 au Ministère des Affaires étrangères, où il accéda au poste de Secrétaire général (*) et fut nommé dans ses fonctions en 1859. Il l’occupa pendant 45 ans. Il est notamment le maître d’œuvre de l’abolition de la loi préconisant le protectionnisme et conduisit la Belgique au libre-échange. Il réussit en 1863, année où il fut anobli au titre de baron par le roi Léopold II, après de longues et pénibles négociations, à faire lever le péage établi par les Hollandais sur l’Escaut, permettant ainsi le développement du futur port international d’Anvers. Il participa à la conférence de Berlin en 1885 qui vit naître l’Etat indépendant du Congo, Etat pour lequel il anima la conférence de 1890 contre l’esclavagisme. Son nom reste enfin attaché à la commune de Schaerbeek, qui donna son nom à l’une de ses plus importantes artères, à savoir le boulevard Lambermont.

(*) Le Secrétaire général est le fonctionnaire qui gère le ministère après le ministre. Si changement de ministre il y a, le Secrétaire général reste en fonction et assure en quelque sorte la pérennité du ministère.

Nous pouvons voir ainsi que, dans ces ordres religieux, l’on retrouvait au rang de simple nonne des filles de la noblesse, de l’aristocratie ou du bon peuple. Cette Congrégation n'en est par ailleurs pas le seul exemple.

 

Sources :

- Jean Leboucq - Qui étaient les religieux vivants dans les couvents d'Enghien ? - Bulletin trimestriel du CRAE - n° 59 - avril 2008
- Pierre .de Lattre, S.J. - Les Sœurs de l'Union au Sacré-Cœur - Annales du Cercle Royal Archéologique d'Enghien - Tome XI - 3e et 4e livraisons - pp. 345-360.
- Wikipedia.

 

 

 

 

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