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A la découverte d'Enghien par d'autres chemins

Le Père Aimé Duval - Sa vie, ses concerts

 

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En une fin d’après midi de 1966, Denise était toute seule au comptoir.

Entre un monsieur entre deux âges, assez pauvrement vêtu, les bords de son chandail élimés, qui s’asseoit au comptoir et demande une bière. Tout en buvant, il regarde autour de lui, d’un air intéressé, les photos, les affiches et les objets hétéroclites qui sont accrochés aux murs. Ses yeux, qu’il a,d’ailleurs très vifs, se posent sur la pochette d’un disque qui se trouve derrière le comptoir, à côté du vieux « phono » de service. Il s’agit du fameux « Good Book » de Louis Armstrong. Curieusement, le monsieur demande à Denise si elle ne veut pas lui vendre ce disque. Elle lui dit qu’il peut l’acheter n’importe où, à la FNAC, par exemple. Il répond qu’il n’a pas le temps, car, il doit partir dans quelques heures, pour les Etats-Unis, où il va donner un concert au Carnegie Hall ! Puis son regard se pose sur une guitare qui traîne en permanence, appuyée sur le dossier d’une banquette. Denise lui demande s’il en joue. Il répond : « Un peu ». Tout de même assez intriguée, Denise lui demande qui il est. Il montre, alors une affiche de Georges Brassens et de Juliette Greco, qui passent présentement à « Bobino » et il a cette curieuse réponse :

« Georges Brassens parle de moi dans une de ses chansons! »

 

Le Père Aimé Duval

Le Père Aimé Duval

Extrait de la chanson « Les trompettes de la renommée »

 

Denise qui a l’esprit vif et à qui on ne la fait pas, réagit au quart de tour :

« Vous êtes le père Duval ! »

A l’époque, le père Aimé Duval est une vedette internationale, il a fait de nombreux disques, vendus dans le monde entier !  Bien sûr, il a réellement chanté, le lendemain, au Carnegie Hall !

Quand il est revenu des Etats-Unis, il a fréquenté la Scala régulièrement, et je dois avouer, moi qui n’ai pas une croyance dogmatique excessive, que nous avons pris, Denise et moi, un grand plaisir à deviser avec lui ! Quand il nous parlait de Teilhard de Chardin ou du manque de spiritualité du peuple américain (malgré que la religion soit à toutes les sauces, y compris dans les milieux boursiers….), ou d’une quelconque théorie de théologie, on n’avait pas l’impression d’être devant un curé « prechi precha »! Il buvait sec et quand il s’enflammait un peu sur sa propre obédience, qui était loin d’apprécier ses pratiques « marginales » et sa façon de vivre, y compris le chant, tout cela considéré comme révolutionnaire, c’était grandiose et instructif ! Cette liberté, ce manque d’hypocrisie et surtout, cette grande érudition, nous enchantaient toujours.

Pendant ses concerts, à Paris, quand il reconnaissait des habitués de la Scala, (il arrivait qu’ il y en ait), il ne manquait jamais de leur demander, haut et fort, et très naturellement, de transmettre le bonjour d’Aimé, à Denise et Jacky !

Oui, le père Aimé Duval était un grand personnage, en tout cas, à nos yeux et aux yeux de ceux qui l’ont approché !

Nous en gardons un souvenir, à la fois profond et amical !

 

Source : La Scala retrouvée.

 

"Je me souviens du Père Duval le célèbre guitariste qui était professeur principal dans une classe de 2e. Il avait un réel ascendant sur les élèves et on l'aimait beaucoup. C'était un grand nerveux qui ne dormait guère et passait ses nuits à réparer les montres des pauvres qu'il visitait."

Denise Grisel, professeur d'anglais de 1942 à 1966 - Je me souviens des jours anciens - Nos années St-Jo - 2008 (Collège Saint-Joseph de Reims).

 

Récitals

Le Père Aimé Duval

Le Père Aimé Duval

 

- Votre métier?

- Etudiant en théologie. Dans deux ans je serai prêtre.

C'était en 1947, la nuit de Noël vers trois ou quatre heures du matin, dans un café du 13e arrondissement où quelques prêtres-ouvriers avaient l'habitude de se réunir. Un réveillon simple avait suivi la messe de minuit ; l'un d'entre nous avait chanté des negros spirituals ; autour de lui un groupe s'était formé. C'est ainsi que je connus le Père Duval.

Deux ans plus tard, en 1950, le Père Duval faisait chez les Jésuites sa troisième année de Noviciat, longue année de silence, de travail et de prière. Le Père Duval « travaille » la guitare et compose. Les thèmes des prières et méditations communes inspirent ses chansons.

Aux vacances, la Jeunesse Etudiante Chrétienne, dans cinq camps différents, lui fait un accueil enthousiaste ; le Père Duval décide alors de travailler la chanson « pour de bon ». En 1954, il sort son premier disque : « Seigneur mon ami », « La p’tite tête », « Pourquoi viens-tu si tard? », « La Nuit».

En 1957, il trouve au Gaumont Palace, avec cinq mille personnes son premier public parisien... Séance mémorable qui lui vaut plusieurs milliers de demandes de concert ! Sagement, le Père Duval en retient 320.

Alors commence pour lui une nouvelle vie itinérante. Sur les routes de France, d'Europe, le Père Duval successivement use une moto, deux « 2 CV », deux Dauphines.

Son public grandit : dix-huit mille personnes à l'Albert Hall de Londres, trente mille à Berlin. Il s'étend  aussi : après l'Europe, le Canada et les Etats-Unis en 1959. Après Paris et la Belgique en 1960, ce sera le Japon et l’Inde.

A ce jour 12 pays visités, 900.000 disques vendus ; cependant 60 lettres par jour témoignent qu'à travers les foules le Père Duval s'adresse bien à chacun.

Mais le Père Duval, fils impétueux de saint Ignace, est resté fidèle à la règle qu'un jour il a choisie, la pauvreté. Les sommes qu'il gagne - intégralement - vont à des œuvres, ou à ses frères jésuites, ceux des pays de mission le plus souvent ; à ceux-là le Père Duval a déjà envoyé quarante jeeps !

Le Père Duval né en 1918 dans une famille paysanne de neuf enfants a gardé la simplicité de ses origines et cette simplicité se retrouve dans ses chansons. « Je ne chante, dit-il, que ce que ma mère qui est une paysanne peut comprendre ». D'abord, dans une première période, ce furent des thèmes tels que la Paternité de Dieu, les Croyants, Jésus, l'Espérance, puis, par la suite, des thèmes plus simplement humains : l'homme qui ne dort pas, l'homme qui a perdu sa femme, l'homme qui n'a pas réussi dans la vie, l'homme qui souhaite qu'on le laisse tranquille.

C'est souvent sur la route, au volant de sa voiture où il se trouve seul - au total deux mois par an - que le Père Duval trouve les mélodies de ses chansons.

Des mélodies simples pour des thèmes vrais : « Le Père Duval, dit Morvan Lebesque, a retrouvé la chanson populaire religieuse ».

L'accompagnement, de plus en plus, est influencé par les rythmes modernes ; le Père Duval aime le jazz, surtout le style Nouvelle-Orléans quand il est joué par un Armstrong ou un Bechet. Une chanson de plus en plus dépouillée qui intègre les valeurs rythmiques du jazz au langage spirituel, c'est ce à quoi tend le Père Duval.

Réunir dans la chanson ce qui était séparé, jeter les ponts là où sont encore les fossés, telle est la vocation du Père Duval et, sans doute, la clé de sa réussite : « Je voudrais chanter pour tout l'univers, je voudrais écrire des chansons pour tout l'univers, afin d'établir des ponts sur tout ce qui nous sépare ».

 

D'après Henri Chartier. 

Toujours et partout,  je chanterai la miséricorde de Dieu ! (psaume 47)

(Pochette de la tournée en Belgique – 1960)



 

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