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A la découverte d'Enghien par d'autres chemins

Le Père Aimé Duval

 

Le Père Aimé DuvalAimé Lucien Duval est né le 30 juin 1918, dans les Vosges, au Val-d’Ajol (Val de la joie). Il est baptisé à l'église de Plombières le 11 juillet 1918. Pendant quelques années il fréquente l’école du Hariol, puis l’école Saint-Augustin à Plombières. En 1930 il fait sa profession de foi. Il entre au Collège des Pères Jésuites de Florennes en Belgique, et tout en poursuivant ses classes secondaires, il étudie la philosophie, l’horlogerie, l’astronomie, la musique, le chant, le piano et compose sa première chanson.

En 1936, il frappe à la porte du noviciat et entre ensuite à la Faculté pontificale de théologie à Enghien (Belgique) qui était établie en l’actuelle Maison Saint-Augustin. Il est ordonné prêtre à Enghien le 24 juillet 1949.

 

A peine ordonné, il dirige la chorale d'une école de Reims où il est professeur de français.

Il agrémente ses sermons de chansons qu'il accompagne personnellement à la guitare. A partir de 1953, il se consacre entièrement à la chanson. Et c'est le début de ses tournées en France, en Europe, en Amérique. Il connaît rapidement un grand succès. Son premier disque paraît en 1956. En 1961 il en avait vendu plus d’un million. Il a enregistré 14 disques et parle 9 langues, il chante dans la plupart de ces langues. Dans ses concerts à Lorient, St-Nazaire, Angers, comme sans ses récitals à Paris, à Bruxelles, La Haye, Londres (18.000 auditeurs), Madrid, Montréal, Lisbonne, le Père conquiert le public international. L’académie Charles Cros lui rendra hommage en lui décernant un grand prix du disque Post Mortem.

Le stress des tournées et le travail de compositeur le conduisent à une dépendance à l’alcool qui s’est rapidement aggravée. En février 1969 il tente de se suicider. Il ne meurt pas car quelqu'un arrive. L'hôpital le tire d'affaire et, trois semaines plus tard, deux de ses amis le conduisent dans la clinique du docteur Fouquet... Il suit une cure de désintoxication, se bat et tente de faire reconnaître la toxicomanie comme maladie. La même année il rechute. Il assiste régulièrement aux réunions des « Alcooliques Anonymes ».

Le Père Aimé DuvalAfin d'aider ses compagnons d'infortune, pendant un long trajet en voiture en 1980, il dicte sur un magnétophone le récit de sa dépendance. En décembre 1983 il publie son livre : « L'enfant qui jouait avec la lune ». Ce livre est devenu un best-seller. Il est signé « Lucien », son deuxième prénom, et porte en sous-titre « Chanteur, Jésuite, Alcoolique ». Il y raconte sa vie, ses tournées en concert, ses débuts, sa maladie alcoolique et comment il s'en est sorti. En janvier 1984, il confiait à un journaliste : « Ce qui m’a fait boire, c’est la fricaillerie, les cons, les décorés, c’est mon inadaptation congénitale à la saloperie du monde. Je voulais sauver le monde et j’ai sombré dans l’alcool ».

Il décède à l’hôpital Belle-Isle de Metz le 30 avril 1984. Ses obsèques ont lieu le 3 mai 1984 en la basilique Saint Epvre à Nancy. Il repose au cimetière de Préville de Nancy, dans le "Carré des Jésuites".

 

Le Père Aimé Duval

 

Il était apprécié pour son talent, sa gentillesse naturelle, sa grande simplicité et sa façon joyeuse d'annoncer l'Evangile - joie qu'il savait faire partager. Il était très attentif aux gens les plus humbles, aux misères et aux humiliations des autres.

 

Sources et liens intéressants :

Le site de Pierre-Aimé DUVAL, son neveu
Le site des Jésuites d'Europe occidentale francophone
Aimé Duval sur EcriVosges - Bernard Visse
Wikipedia 

 

*****

 

Le Père Aimé Duval

 

Le Père Aimé DuvalGaëtan de Courrèges, chanteur-compositeur, interprète de plusieurs chansons du Père Duval, réagit suite à son décès.

Qu’est-ce que j’ai dans ma petite tête à pleurer comme ça, ce soir ? Il nous avait pourtant prévenus de longue date: Le Seigneur reviendra, il l’a promis. Le ciel était au coin de sa rue : après avoir hésité longtemps, il vient de passer le carrefour, tout simplement. Il aspirait tant à cette ultime rencontre qu’elle ne pouvait plus être une surprise : alors, tu es là, je te vois découvert, je vois ton visage et la table où tu mets deux couverts...

 

Aimé, ce soir, je voudrais te remercier de la part d’un grand gosse de 13 ans. Avec tes petites chansons,  tu lui as appris deux ou trois choses toutes simples : que la foi, d’abord, n’est pas échafaudage de principes, mais rencontre. Comme tant d’autres,  les principes patiemment ingurgités à l’ombre des pupitres ne me faisaient pas vivre. Toi, tu me parlais des petites gens, de leurs tendresses et de leurs colères, de Monsieur Jésus-Christ, surtout. Tu redonnais à l’Évangile son goût de pain frais : le ciel est rouge, il fera beau. J’ai joué de la flûte sur la place du marché et personne avec moi n’a voulu danser...

Et, du coup, j’ai pris en grippe toutes les idéologies qui font oublier les visages. Tu chantais, et la foi n’avait plus cette odeur de vieille sacristie. Elle ne récitait plus ses phrases par coeur, elle choisissait son vocabulaire dans le dictionnaire de tout le monde. La foi faisait de la poésie avec les mots de tous les jours.

Du coup,  je ne supporte plus les chansons et les cantiques tarabiscotés,  rabâcheurs, bien-pensants.

Tu m’as appris la foi au quotidien, en quelques mots libres et amicaux, et je me souviens du courant d’air frais qui traversa la classe ce jour-là, soulevant la poussière, poussant à l’aventure. Du coup, j’ai récupéré une vieille guitare, j’en ai fait un pont au-dessus d’un fossé de timidité et de convenances. J’ai inventé des mots passerelles, des petits mots, des petites musiques, des petits disques tournant en rond et qui répètent inlassablement la même chose : on ne peut rencontrer Dieu autrement qu’à travers l’homme.

 

Source : Site de Gaëtan de Courrèges.

 

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En une fin d’après midi de 1966, Denise était toute seule au comptoir.

Entre un monsieur entre deux âges, assez pauvrement vêtu, les bords de son chandail élimés, qui s’asseoit au comptoir et demande une bière. Tout en buvant, il regarde autour de lui, d’un air intéressé, les photos, les affiches et les objets hétéroclites qui sont accrochés aux murs. Ses yeux, qu’il a,d’ailleurs très vifs, se posent sur la pochette d’un disque qui se trouve derrière le comptoir, à côté du vieux « phono » de service. Il s’agit du fameux « Good Book » de Louis Armstrong. Curieusement, le monsieur demande à Denise si elle ne veut pas lui vendre ce disque. Elle lui dit qu’il peut l’acheter n’importe où, à la FNAC, par exemple. Il répond qu’il n’a pas le temps, car, il doit partir dans quelques heures, pour les Etats-Unis, où il va donner un concert au Carnegie Hall ! Puis son regard se pose sur une guitare qui traîne en permanence, appuyée sur le dossier d’une banquette. Denise lui demande s’il en joue. Il répond : « Un peu ». Tout de même assez intriguée, Denise lui demande qui il est. Il montre, alors une affiche de Georges Brassens et de Juliette Greco, qui passent présentement à « Bobino » et il a cette curieuse réponse :

« Georges Brassens parle de moi dans une de ses chansons! »

 

Le Père Aimé Duval

Le Père Aimé Duval

Extrait de la chanson « Les trompettes de la renommée »

 

Denise qui a l’esprit vif et à qui on ne la fait pas, réagit au quart de tour :

« Vous êtes le père Duval ! »

A l’époque, le père Aimé Duval est une vedette internationale, il a fait de nombreux disques, vendus dans le monde entier !  Bien sûr, il a réellement chanté, le lendemain, au Carnegie Hall !

Quand il est revenu des Etats-Unis, il a fréquenté la Scala régulièrement, et je dois avouer, moi qui n’ai pas une croyance dogmatique excessive, que nous avons pris, Denise et moi, un grand plaisir à deviser avec lui ! Quand il nous parlait de Teilhard de Chardin ou du manque de spiritualité du peuple américain (malgré que la religion soit à toutes les sauces, y compris dans les milieux boursiers….), ou d’une quelconque théorie de théologie, on n’avait pas l’impression d’être devant un curé « prechi precha »! Il buvait sec et quand il s’enflammait un peu sur sa propre obédience, qui était loin d’apprécier ses pratiques « marginales » et sa façon de vivre, y compris le chant, tout cela considéré comme révolutionnaire, c’était grandiose et instructif ! Cette liberté, ce manque d’hypocrisie et surtout, cette grande érudition, nous enchantaient toujours.

Pendant ses concerts, à Paris, quand il reconnaissait des habitués de la Scala, (il arrivait qu’ il y en ait), il ne manquait jamais de leur demander, haut et fort, et très naturellement, de transmettre le bonjour d’Aimé, à Denise et Jacky !

Oui, le père Aimé Duval était un grand personnage, en tout cas, à nos yeux et aux yeux de ceux qui l’ont approché !

Nous en gardons un souvenir, à la fois profond et amical !

 

Source : La Scala retrouvée.

 

"Je me souviens du Père Duval le célèbre guitariste qui était professeur principal dans une classe de 2e. Il avait un réel ascendant sur les élèves et on l'aimait beaucoup. C'était un grand nerveux qui ne dormait guère et passait ses nuits à réparer les montres des pauvres qu'il visitait."

Denise Grisel, professeur d'anglais de 1942 à 1966 - Je me souviens des jours anciens - Nos années St-Jo - 2008 (Collège Saint-Joseph de Reims).

 

Récitals

Le Père Aimé Duval

Le Père Aimé Duval

 

- Votre métier?

- Etudiant en théologie. Dans deux ans je serai prêtre.

C'était en 1947, la nuit de Noël vers trois ou quatre heures du matin, dans un café du 13e arrondissement où quelques prêtres-ouvriers avaient l'habitude de se réunir. Un réveillon simple avait suivi la messe de minuit ; l'un d'entre nous avait chanté des negros spirituals ; autour de lui un groupe s'était formé. C'est ainsi que je connus le Père Duval.

Deux ans plus tard, en 1950, le Père Duval faisait chez les Jésuites sa troisième année de Noviciat, longue année de silence, de travail et de prière. Le Père Duval « travaille » la guitare et compose. Les thèmes des prières et méditations communes inspirent ses chansons.

Aux vacances, la Jeunesse Etudiante Chrétienne, dans cinq camps différents, lui fait un accueil enthousiaste ; le Père Duval décide alors de travailler la chanson « pour de bon ». En 1954, il sort son premier disque : « Seigneur mon ami », « La p’tite tête », « Pourquoi viens-tu si tard? », « La Nuit».

En 1957, il trouve au Gaumont Palace, avec cinq mille personnes son premier public parisien... Séance mémorable qui lui vaut plusieurs milliers de demandes de concert ! Sagement, le Père Duval en retient 320.

Alors commence pour lui une nouvelle vie itinérante. Sur les routes de France, d'Europe, le Père Duval successivement use une moto, deux « 2 CV », deux Dauphines.

Son public grandit : dix-huit mille personnes à l'Albert Hall de Londres, trente mille à Berlin. Il s'étend  aussi : après l'Europe, le Canada et les Etats-Unis en 1959. Après Paris et la Belgique en 1960, ce sera le Japon et l’Inde.

A ce jour 12 pays visités, 900.000 disques vendus ; cependant 60 lettres par jour témoignent qu'à travers les foules le Père Duval s'adresse bien à chacun.

Mais le Père Duval, fils impétueux de saint Ignace, est resté fidèle à la règle qu'un jour il a choisie, la pauvreté. Les sommes qu'il gagne - intégralement - vont à des œuvres, ou à ses frères jésuites, ceux des pays de mission le plus souvent ; à ceux-là le Père Duval a déjà envoyé quarante jeeps !

Le Père Duval né en 1918 dans une famille paysanne de neuf enfants a gardé la simplicité de ses origines et cette simplicité se retrouve dans ses chansons. « Je ne chante, dit-il, que ce que ma mère qui est une paysanne peut comprendre ». D'abord, dans une première période, ce furent des thèmes tels que la Paternité de Dieu, les Croyants, Jésus, l'Espérance, puis, par la suite, des thèmes plus simplement humains : l'homme qui ne dort pas, l'homme qui a perdu sa femme, l'homme qui n'a pas réussi dans la vie, l'homme qui souhaite qu'on le laisse tranquille.

C'est souvent sur la route, au volant de sa voiture où il se trouve seul - au total deux mois par an - que le Père Duval trouve les mélodies de ses chansons.

Des mélodies simples pour des thèmes vrais : « Le Père Duval, dit Morvan Lebesque, a retrouvé la chanson populaire religieuse ».

L'accompagnement, de plus en plus, est influencé par les rythmes modernes ; le Père Duval aime le jazz, surtout le style Nouvelle-Orléans quand il est joué par un Armstrong ou un Bechet. Une chanson de plus en plus dépouillée qui intègre les valeurs rythmiques du jazz au langage spirituel, c'est ce à quoi tend le Père Duval.

Réunir dans la chanson ce qui était séparé, jeter les ponts là où sont encore les fossés, telle est la vocation du Père Duval et, sans doute, la clé de sa réussite : « Je voudrais chanter pour tout l'univers, je voudrais écrire des chansons pour tout l'univers, afin d'établir des ponts sur tout ce qui nous sépare ».

 

D'après Henri Chartier. 

Toujours et partout,  je chanterai la miséricorde de Dieu ! (psaume 47)

Source : Pochette de la tournée en Belgique – 1960.

 

Les chansons du Père Duval

 

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Liste des chansons du Père Duval -Voir aussi le site du neveu du Père Duval.

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Paroles de 31 chansons du Père Duval.

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Partition du chant "Ohé, vieux Jo(e)"

 

 
Ecouter le Père Duval (en construction)

 

père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitespère,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesSeigneur mon ami

 

 

 

 

 

père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesComme un soldat

 

 

 

 

 

père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesJ'ai joué de la flûte


 

 

 

 


père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesLa p'tite tête

 

 

 

 

 

père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesPar la main

 

Par la main : un autre enregistrement

 

 

 

père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesLa mer est profonde



 

 

 


père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesLe vieux Jo

 

 

 

 

père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesRue des longues haies

 

 

 

 

 

père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesAu clair de la lune

 

 

 

 


père,duval,enghien,belgique,guitare,maison,augustin,jésuitesLe Seigneur reviendra

 

 

 

 

 


Le Père Duval et Georges Brassens, en passant par Soeur Sourire :

 

 

 

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Publié dans L'Est Républicain du samedi 22 septembre 2012.

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