A la découverte d'Enghien par d'autres chemins
1. La légende de Mélusine racontée par Elodie Fondacci (Radio Classique)
2. La Fée Mélusine au Château d'Enghien
3. Elle était une fois...
4. La légende de Mélusine
5. La Belle Mélusine de Félix Mendelssohn
6. La Fée Mélusine en images
7. Documents très intéressants à lire
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LA LEGENDE DE MELUSINE RACONTEE PAR ELODIE FONDACCI
Vous pouvez écouter l'audio tout en consutant la page
Radio Classique - Musique de Félix Mendelssohn
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LA FEE MELUSINE AU CHATEAU D'ENGHIEN 1
Fille d’Alinas, roi d’Albanie et de la fée Pressine, Mélusine eut le malheur d'outrager sa mère, et d'en être maudite, avec injonction de se transformer tous les samedis en serpent jusqu'à la ceinture. Cette horrible pénitence devait finir avec la vie de Mélusine, si elle trouvait un jour un époux qui consentit à ne la voir jamais le samedi.
Raimondin, neveu du comte de Poitiers, la rencontra un jour dans une forêt aventureuse ; il fut épris de ses charmes, l'épousa, et en reçut d'étonnants privilèges, après avoir accepté la condition de ne pas chercher à la voir le samedi. Mais une fatale jalousie troubla son bonheur. Il voulut voir ; il vit Mélusine faisant sa pénitence moitié femme moitié serpent. Elle se débattait dans un large bassin dont elle faisait jaillir l'eau jusqu'aux voûtes de la salle. Dès lors le charme fut rompu ; Mélusine retombée sous le poids de la malédiction paternelle, disparut dans son horrible forme qu'elle doit conserver jusqu'au jugement dernier. Son infortune n'a point altéré la tendresse qui l'animait pour ses enfants. Elle erre sans cesse autour des lieux qu’habitait sa postérité qui consiste dans les illustres familles de Lusignan et de Luxembourg. Quand une calamité menace quelque membre de ces deux maisons, elle vient errer gémissante autour du château, et, s'élevant pendant une nuit sombre sur la plus haute tour, elle pousse des cris lamentables.
C'est surtout le château de Lusignan en Poitou qui, selon les historiens, a été le théâtre de ces tristes scènes. Il est pourtant certain que le château d'Enghien, en Hainaut, noble demeure et antique domaine des Luxembourg, a aussi été visité par Mélusine.
Mais déjà, du temps d'Henri IV, ses apparitions étaient moins fréquentes, et l'on commençait même à ne plus y ajouter une foi entière.
Pierre Colins qui, comme bailli du lieu, présenta à ce monarque en 1598, les oiseaux des aires de ses bois d'Enghien, s'exprime ainsi dans le récit qu'il fait de l'audience à laquelle il fut admis :
« De là le Roy s'assit sur un coffre de cuir bouly avec Madame sa sœur, me demandant familièrement de sa ville d'Enghien et puis de ce que l'on disoit de luy en nostre pays. Je répondis que nous estions venus d'une extrémité à l'autre. Je vous entends, dist le Roy, vous m'avez hay, et maintenant vous m'aimerez pour la paix. Je repartis que jamais la hayne n'avait eu place en nos âmes contre Sa Majesté, mais bien des extrêmes regrets de la guerre, changez présentement en resjouyssance de la paix. Comme le Roy continuoit de parler, madame sa sœur l'interrompit à me demander si la Merlusine venoit à se montrer au chasteau d'Enghien à chaque fois qu'un de leur maison alloit de vie à trespas. Je dis : on en faict des contes, Madame, que je tiens pour fables. Elle inféra que non, et que son cousin le duc d'Arschot lui avait assuré pour chose véritable. Je la laissay en son opinion, et m'apercevois que le Roy n'en faisoit point de cas, et le tenoit a fable, comme elle est, pour en parler librement. »
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De deux natures, jeune fille et vipère, réfugiée dans un antre situé dans la région boisée d'Hylaia (*). Héraclès lui demanda si elle avait vu quelque part des cavales (**) vagabondes. Elle répondit que c'était elle qui les avait et ne les rendrait que s'il s'unissait à elle. Héraclès se serait uni à elle pour ce prix.
(*) Territoire des Scythes au nord de la Grèce.
(**) Juments.
Cette histoire (*) a plus d'un sens, Hérodote y a dissimulé l'expression de la clairvoyance divine qui a empêché les vipères d'empoisonner le monde entier par leur comportement d'auto-extermination. C'est d'abord le mâle qui est dévoré par sa partenaire au moment où il éjacule en elle et ensuite la femelle qui est dévorée par ses petits, vengeant leur père, afin de se frayer un passage dans les entrailles pour en sortir. Deux fantasmes extrêmes réunis, le pouvoir dévorant de la sexualité féminine et le cannibalisme du fœtus qui se nourrit du corps de sa mère (**).
(*) Hérodote, Histoire, Livre 4, Chapitre 9.
(**) Giulia Sissa, Le Corps Virginal et La virginité feminine en Grèce ancienne, 1987.
Est-ce la Milouziena des Scythes qui avait accompagné l'armée romaine dans le Poitou ou la divinité celte protectrice de la Fontaine de la Soif (Fon-de-Cé à Lusignan) dont l'histoire fut immortalisée en prose par Jean d'Arras dans son roman « La Noble Histoire de Lusignan » ?(*)
(*) Le roman fut offert le 7 août 1393 à Jean de Berry, oncle de Charles VI dit "Le Bien-Aimé" ou "Le Fol", dont il avait assuré la régence pendant sa minorité et jusqu'en 1388 avec Philippe Il de Bourgogne.
Mélusine est une femme légendaire dans les pays du brouillard, c'est une fée d'eau à la chevelure ondoyante. (*)
En 1898, s'est tenu à Enghien un Congrès archéologique et historique dont le compte-rendu (**) a été publié par Ernest Matthieu. C'était alors la treizième session organisée par la Fédération dont les adhérents appartenaient à la Belgique et aux localités ayant fait partie du territoire des dix-sept provinces des Pays-Bas et du pays de Liège.
(*) Mélusine signifie "merveille" ou "broullaird de la mer", dans le Hainaut elle fut aussi appelée Marluzuzenne.
(**) Congrès Archéologique et Historique d'Enghien, Ernest Matthieu, Imprimerie A. Spinet GrandPlace à Enghien, 1900. Collection privée M. Demoortel.
Dans sa séance du mardi 9 août est évoquée la question soulevée par M. le Comte de Marsy sur la tradition relative aux apparitions de la fée Mélusine au château d'Enghien. Monsieur Matthieu déclare qu'il n'existe pas de documents à Enghien propre à élucider ces assertions si ce n'est ce que raconte Collins dans son Histoire de la ville.
Collins raconte son entrevue avec Henri IV, roi de France, au château de Monceaux-lez-Meaux en Brie, en 1598 ; la reine Marguerite interrompit, écrit-il, à me demander « si la Merlusine venoit à se montrer au château d'Enghien à chaque fois qu'un de leur maison alloit de vie à trépas". Je dis "on en fait des contes, Madame, que je tiens pour fables". Elle inféra "que non et que son cousin, le duc d'Arschot, luy avoit assuré pour chose véritable" . "Je la laissoy en son opinion et m'apercevois que le Roy n'en faisoit point de cas, et la tenoit à fable, comme elle l'est, pour en parler librement. »
Ernest Matthieu conclut en déclarant « ne pas espérer retrouver les éléments pour résoudre la question de l'origine de cette légende, car la seigneurie d'Enghien, n'est passée dans la maison de Luxembourg qu'en 1390 par le mariage de Jean de Luxembourg avec Marguerite d'Enghien ».
Les apparitions de Mélusine étaient donc liées à la mort, la Maison de Gavres (*) l'avait pourtant choisie comme protectrice ! En 1515, Gavre est vendu pour la somme de trente-quatre milles écus à Jacques de Luxembourg ; son fils meurt et Françoise de Luxembourg est la seule héritière. En 1535, Charles Quint créa Françoise de Luxembourg, princesse de Gavre (**) qui épousa Jean d'Egmont et le patrimoine de la Maison de Gavre passa ainsi dans la Maison d'Egmont. Jean d'Egmont meurt à l'âge de 29 ans. Son fils, Lamoral d'Egmont, a cinq ans, il est né à La Hamayde (Lahamaide), Comte d'Egmont et Prince de Gavre. Il sera décapité le 5 juin 1568 à Bruxelles, son exécution est l'une des clés de déclenchement de la guerre de soulèvement contre le Roi d'Espagne (guerre de quatre-vingts ans).
(*) Gavre ou Gavere est une commune de Flandre-Orientale liée au comté d'Alost.
(**) Issue d'une branche cadette de la Maison de Luxembourg intimement liée à l'Histoire d'Enghien.
Mais que peuvent encore nous apprendre les nombreux textes qui ont été publiés sur l'histoire du parc d'Enghien au sujet de Mélusine ?
Dans sa « Briève description de la ville, chasteau et parc d'Enghien » (*) écrite en 1665 , le R.P. Charles de Bruxelles décrit un « asses grand estang revestu de murailles de marbre bien sisellé avecq ces corniches : c'est un paraléllograme qui double sa largeur par la longueur. Il est environné en forme d'amphithéâtre par 4 allées de 15 pieds de largeur, lesquelles se haussent de trois pieds ou environ les unes pardessus les autres, elles sont toutes soustenues d'une gazonade et bordée d'une haye basse joncée de sapins qui font une belle veue, en sorte néanmoins qu'ils n'empêchent pas celle de ce bel étang qui pore le nom du bain de Mélusine laquele, par vieille tradition, se souloit baigner dans les fontaines de ce parc. Au milieu de ce baing est une belle fonteine composée d'un beau pilier de marbre qui porte trois déesses, artistement travaillées et elles soustiennent un bassin d'où sort un jet d'eau de 30 pieds de hauteur et d'une belle grosseur. Le bord de cet estanc est orné de quantité d'orangers et les bouts de ces allées de très belles statues, de sorte que la veue ne peut rien souhaiter de plus. ».
(*) Annales du Cercle Archéologique d'Enghien, Tome VIII, 1915-1922.
L'étang était-il alimenté par la source qui plus tard portera son nom ?
Aucun document ne permet de le confirmer. Vers les années 1772-1773, Charles-Marie-Raymond d'Arenberg (*) fit construire un théâtre de plein air près de la fontaine; des jets d'eau y auraient été installés à même le sol afin de surprendre les spectateurs lors des représentations (**). En 1902, les eaux de la fontaine furent commercialisées à des fins pharmaceutiques et la source signalée par une balustrade; «... tout proche, perdu dans les sapins, il est un charmant petit endroit propre aux confidences de tous les temps : la Fontaine Mélusine. Ses eaux ferrugineuses rendent, dit-on, les plus grands services dans les affections du foie, de la vessie, la gravelle, la goutte, l'obésité, et chez les personnes à vie sédentaire et qui se nourrissent beaucoup ...(***) ».
(*) 1721 - †1778, fils aîné de Léopold-Philippe d'Aremberg.
(**) L'assainissement des terres du Parc par Charles-Marie-Raymond d'Arenberg (1754-1778).
(***) Yves Delannoy, Esquisse d'un Grand Domaine - Le Parc d'Enghien (XVllle-XXe siècle), p. 48.
Aujourd'hui, Mélusine a triste mine ; elle déverse ses larmes sur les terres arides d'Enghien. Délabrée et vandalisée, la fontaine est abandonnée dans l'indifférence populaire. Pour vous en convaincre, regardez donc cette photographie qui se passe de tout commentaire.
Enghiennois, il est grand temps de sauver votre patrimoine !
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Le roi Hélinas d'Albanie rencontre une belle inconnue au bord d'une fontaine, et elle accepte de l'épouser pourvu qu'il lui promette de ne pas la voir pendant ses couches.
Celle-ci, Pressine, met bientôt au monde trois filles : Mélusine, Mélior et Palestine. Mais Hélinas ne peut s'empêcher d'entrer alors qu'elle les baigne. Aussitôt, Pressine s'enfuit avec les bébés, et gagne l'île d'Avalon.
Ayant grandi, les trois sœurs apprennent la faute de leur père. Elles décident de le punir en l'enfermant sous une montagne. Pressine, qui n'avait sans doute pas oublié Hélinas, ne peut rien changer à leur geste, mais, furieuse, elle punit à son tour ses filles : Mélior sera condamnée à garder un épervier dans un château d'Arménie ; Palestine sera enfermée dans le mont Canigou, avec le trésor de son père ; et Mélusine se transformera tous les samedis en serpente « du nombril en aval » et ne pourra échapper à cette malédiction qu'en épousant un homme qui accepte de ne point la voir en cette situation.
© Domaine de Cursay |
Eglise de Lusignan |
Eglise de Lusignan |
Raimondin, dont le père, le comte de Forez, avait lui aussi rencontré une fée au bord d'une fontaine, est élevé chez son oncle, le comte de Poitiers. Hélàs, Raimondin le tue accidentellement au cours d'une chasse au sanglier. Eperdu de douleur, il erre à l'aventure à travers la forêt de Coulombiers.
C'est ainsi qu'il parvient à une fontaine où se tenaient « trois dames de grand pouvoir ». Tout à sa peine, il ne les remarque pas, mais Mélusine quitte ses compagnes, vient vers lui et arrête son cheval. Il est immédiatement ébloui par sa beauté. Elle l'appelle par son nom, et lui promet bonheur et prospérité s'il l'épouse. Il devra seulement ne jamais chercher à savoir, ni révéler à quiconque où elle va et ce qu'elle fait le samedi.
Raimondin va ainsi devenir le plus puissant seigneur du Poitou. Les noces sont somptueusement célébrées. Près de la fontaine où ils se sont rencontrés, Mélusine édifie le château de Lusignan. Et elle donne naissance à dix fils, dont les huit premiers sont porteurs d'une tare physique. Mais aucun nuage ne vient pour autant ternir le bonheur et la prospérité du couple ...
Jusqu'au jour où le frère de Raimondin insinue des choses sur les activités de Mélusine le samedi. Raimondin, bouleversé, ne peut s'empêcher de rejoindre le bas de la tour où elle s'est enfermée. De son épée il perce un trou dans la porte, et il découvre sa femme prenant son bain, « jusquà la taille, blanche comme la neige sur la branche, bien faite et gracieuse, le visage frais et lisse. Certes on ne vit jamais plus belle femme. Mais son corps se termine par une queue de serpent, énorme et horrible. »
Le pauvre homme, pris de frayeur, se signe. Mais, très vite, il rebouche le trou. Il retourne auprès de son frère et c'est contre lui qu'il rejette sa fureur. Il déclare Mélusine irréprochable, et le met à la porte du château.
Mélusine, de son côté, feint de ne s'être aperçue de rien, et la vie continue comme avant ...
Jusqu'au jour où un de leurs fils, Geoffroy la Grand'Dent, incendie sauvagement l'abbaye de Maillezais, avec les moines qu'avait rejoints son frère Fromont. Raimondin, horrifié, voit là le signe du caractère diabolique de sa femme, et il ne peut s'empêcher de la traiter en public de « très fausse serpente ».
C'en était trop, le serment était rompu. Mélusine saute par la fenêtre. Elle redevient serpente, et s'envole. « Elle fait trois fois le tour de la forteresse, poussant à chaque tour un cri prodigieux, un cri étrange, douloureux et pitoyable. »
Raimondin ne l'a jamais revue. Mais on dit qu'elle revint nuitamment allaiter ses deux derniers fils qui n'étaient pas sevrés. Et qu'elle se manifeste, en criant, chaque fois que la mort va toucher sa descendance, ou que son château s'apprête à changer d'occupant.
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LA BELLE MELUSINE - FELIX MENDELSSOHN
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Le secret de Mélusine dans les romans français et l’iconographie aux XIVe et XVe siècles.
1 Sources : Histoire des seigneurs d'Enghien, in-4°, Tournay, 1643 p. 728. (André, Joseph, Ghislain Le Glay - 1785-1893.) On voit que la province du Hainaut a eu aussi sa Dame blanche.
Les hommes et les choses du Nord de la France et du midi de la Belgique – Valenciennes, Bureau des Archives du Nord, rue des Viviers n° 9 - 1829.
2 Source : Michel Abrassart - Bulletin CRAE n° 83, février 2018, pp. 21-23.
3 Source : Société de Mythologie Française.