A la découverte d'Enghien par d'autres chemins
A Enghien, comme dans de nombreuses autres cités de notre pays, il n'était pas rare de rencontrer jusque dans les années 1960 des formations musicales qui animaient les bals ou les soirées dansantes dans des cafés et autres lieux qui pouvaient recevoir du public.
Notre ville possédait plusieurs salles de ce type. Mais un lieu de qualité a servi de théâtre, de salle de concert, de conférence mais aussi de bals et de soirées musicales, c'est le Salon Patria (1).
L'Ensemble Rythmique Enghiennois était l'une de ces formations locales à s'y produire. De ce groupe de musiciens, nous présentons ici une photo réalisée en 1941 par Roger Bachman (2) et éditée en carte postale quelques temps après la prise de vue. La photo représente la formation composée de neuf musiciens jouant sur la scène du Salon Patria. Une manifestation qui avait demandé l'obtention d'une autorisation des forces d'occupation et le respect d'un programme auquel il y eut une entorse (3).
Sur cette photo nous pouvons reconnaître :
L'une des activités de cet orchestre était d'animer les entractes lorsque le salon devenait une salle de cinéma. Ils étaient les initiateurs de concerts pour leur propre compte, mais aussi pour des sociétés locales qui les appelaient pour animer une soirée, un bal. Leur musique favorite était le jazz, et vers la libération, elle s'orientera vers le style jazz anglais et avec l'arrivée des troupes américaines, à la Glenn Miller, surtout après la fin de ce second conflit armé. Pour pouvoir présenter un programme de qualité, les répétitions de cette formation se déroulaient souvent rue des Eteules dans la salle qui appartenait à « Pitong » un nom, un spot enghiennois.
Cette formation cessera pratiquement ses activités musicales dans les années 1950.
Source : Jean Leboucq - Bulletin trimestriel du Cercle Royal Archéologique d'Enghien n° 58 - février 2008 - pp. 1097-1099.
(1) Le Salon Patria a fermé ses portes au début des années 1970 pour devenir un commerce très connu « Tout pour l'Enfant » dans la rue de Bruxelles, avant de devenir quelques années plus tard une petite surface, l'UNIC qui passera dans les années 1990 au groupe GB, pour être en cette fin de XXe siècle racheté par un autre dealer de l'alimentation en général, le groupe Carrefour, qui en fera un « Carrefour Express » ouvert pratiquement tous les jours de la semaine.
(2) Roger Bachman, allias R. Backmann (1907-†1944) était un photographe installé rue de Bruxelles, auteur d'une série de CPA sur la ville et le Parc et de cette carte sur l'Orchestre Rythmique Enghiennois. Concernant l'écriture de son nom suivant les éditions et les papiers officiels nous avons trois orthographes, à savoir Backmann, Backman et Bachman dans les registres.
(3) Pendant la guerre 1940-1945, il était interdit d'organiser des activités culturelles. Toutefois l'autorisation fut accordée accompagnée d'une note spécifiant le respect d'un programme déterminé. Celui-ci fut respecté pratiquement jusqu'à la fin, où le morceau de musique anglaise fut joué, faisant que un à un les musiciens durent quitter les lieux subitement pour ne pas être inquiétés (anecdote rapportée par le fils d'un des musiciens).
(4) Jean Dodelé était avec son frère Paul deux commerçants, l'un de papier peint, l'autre de chaussures dans la rue Montgomery et la rue d'Hoves. Jean Dodelé est le papa de Léon Dodelé, époux de Marie-Claire Huwart. Jean Dodelé était musicien dans le groupe « Les Mackensies » et « Les Espadons » comme batteur. Son fils ne délaissera pas la musique, étant lui aussi un passionné et un interprète reconnu.
(5) Alfred Duré était technicien pour la Société de Bournonville connue pour ses machines Bull.
(6) Merci à son fils Christian de nous avoir communiqué ces renseignements.