• Théâtre au Château - La Grammaire de Labiche - 8 août 2015

    Théâtre au Château - La Grammaire de Labiche - 8 août 2015

     

    Chaque été, depuis 40 ans, le Théâtre Royal des Galeries organise une tournée de plein air qui passe par de nombreux châteaux, demeures historiques ou lieux particuliers de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

     

    Image  

    Voilà 40 ans que le Théâtre des Galeries part en vadrouille l'été et met au vert Molière, Labiche, Beaumarchais ou d'autres cousins d'écriture. Selon les lieux, ils frôlent de leurs satins l'élégance classique d’une cour de château, ils paissent au milieu des champs, entre grange et écurie, ou devant la façade d'une ferme.

    Cette année, la troupe de la tournée jouera La Grammaire de Labiche, sous la conduite de Bernard Lefrancq. A chaque jour son lieu à apprivoiser, en quelques heures : les entrées, les sorties, les lumières se réinventent, les fenêtres résistent, les coulisses et les commodités s'improvisent, parfois à l'autre bout de la maison. La position du public modifie les angles d'approche... Et c'est toute la convention théâtrale qui prend un coup de jeune ou de franche comédie !

    Comédiens et spectateurs réinventent les règles du jeu, sans filet mais avec un plaisir et parfois des fous rires non dissimulés. Les répliques sonnent à un autre diapason, et si le vent emporte l'une ou l'autre syllabe, il peut aussi faire le coquin sous les jupons, à moins qu'une bourrasque ne renverse la carafe ou la tasse. La complicité est de mise, elle se prolonge très souvent autour d'un verre.

    Débarqués l'après-midi, en camion et minibus, les artistes de la scène et les techniciens de l’ombre repartent à la nuit bien installée, les indispensables accessoires rangés, les costumes protégés. Demain est un autre jour, un autre ciel,…

     

    Image

     

    Le rentier Caboussat est ambitieux : il voudrait être nommé Président du Comice Agricole du village. On le croit savant, car il est constamment plongé dans les bouquins. Hélas ! Caboussat n'a pas d'instruction. Le livre qu'il étudie est toujours le même : la Grammaire ! C’est sa fille Blanche qui lui écrit ses discours et fait sa correspondance.

    Caboussat a pour ami Poitrinas, président de l'Académie de la ville voisine, dont le fils Edmond est amoureux de Blanche, mais lui aussi a le défaut de faire des fautes d'orthographe. Néanmoins, grâce à l'intrigant Poitrinas, et après quelques difficultés cocasses suscitées par le vétérinaire Machut, Caboussat sera élu, Edmond épousera Blanche, et la fille de Caboussat deviendra la... « Grammaire » de toute la famille.

    Si, en bon vaudevilliste, Labiche se préoccupe du mouvement et de la situation, il travaille également beaucoup à l'élaboration des caractères. Dans son théâtre, dont les trois grands moteurs sont l'égoïsme, la vanité et l'argent, il s'amuse à répertorier les ridicules et les défauts de la bourgeoisie française de l'époque.

     

    Théâtre au Château d'Enghien - La Grammaire de Labiche - 8 août 2015

    Théâtre au Château d'Enghien - La Grammaire de Labiche - 8 août 2015

    Théâtre au Château d'Enghien - La Grammaire de Labiche - 8 août 2015

    Théâtre au Château d'Enghien - La Grammaire de Labiche - 8 août 2015

     

    Image

    Caboussat : Michel Poncelet
    Poitrinas : Bernard Lefrancq
    Machut : Denis Carpentier
    Blanche : Eléonore Peltier
    Jean : Benoît Strulus

     

     Image

    Théâtre au Château - La Grammaire de Labiche - 8 août 2015 Fils d'un riche industriel, il fit ses études secondaires au Collège Bourbon, futur Lycée Condorcet. Après le baccalauréat, il réalise un long voyage en Italie durant lequel il écrit La Clef des champs, paru en 1839 et qui sera son seul roman. Il commence alors une production boulimique qui compte quelques deux cents pièces, presque toujours écrites en collaboration, avec notamment Auguste Lefranc, Marc-Michel, Adolphe Choler, Edouard Martin, Alfred Delacour, ou encore Emile Augier, et qui furent jouées au Palais-Royal, au Gymnase, aux Variétés, aux Bouffes-Parisiens, ou à la Comédie-Française.

    En fait, à ses débuts, Eugène Labiche tâtonne, cherche son style, accumulant les comédies en un acte : Le Major Cravachon, Un jeune homme pressé, Un garçon de chez Véry, Embrassons-nous Folleville ! ... toutes s'apparentent au genre à la mode, le vaudeville. Mais déjà en 1851, il écrit Un Chapeau de paille d'Italie, première comédie en cinq actes saluée comme « une trouvaille de génie ». On y retrouve ce célèbre motif de la course-poursuite, de la chasse tumultueuse et endiablée à l'objet ou à l'être perdu.

    Avec la création du Baron de Fouchevif, en 1859, apparaît le personnage du bourgeois pansu et crédule. Le vaudeville en un acte évoluera alors vers la grande comédie de mœurs et de caractère, Le Voyage de Monsieur Perrichon (1860), La Poudre aux yeux (1861), La Station Champbaudet (1862), La Cagnotte (1864), Le plus heureux des trois (1870), Le Prix Martin (1876) et bien d'autres. Égocentrisme, vanité, cupidité, infidélités conjugales, hypocrisies en tous genres sont désormais les vices déclinés dans ces comédies en plusieurs actes dont les couplets chantés sont progressivement réduits.

    La respectabilité artistique et sociale de l'auteur va croissant : en 1861, Labiche entre au répertoire de la Comédie-Française avec Moi, une comédie sur l'égoïsme, et est élu à l'Académie française en 1880. Il a écrit sa dernière comédie, La Clé, en 1877. Lorsqu'il édite, en 1878, à l'initiative d'Émile Augier, son Théâtre complet, qui ne comporte en réalité qu'un tiers des 173 pièces écrites par Labiche et ses collaborateurs, le succès est immédiatement au rendez-vous.

    Son œuvre reste la réalisation exemplaire du vaudeville qu'il fait tendre jusqu'aux limites de l'absurdité. Ses pièces fourmillent de sous-entendus, d'inventions cocasses, de coups de théâtre, et jamais cependant elles ne cessent de donner une parfaite impression de naturel.


    Bernard Lefrancq, metteur en scène, nous explique en deux mots son attachement à cette tournée.

    C'est l'aventure ! Comme chaque endroit est différent, il y a des contraintes au niveau du décor, de la mise en place et de la façon de jouer. Chaque jour est un challenge parce qu'il faut s'imprégner du lieu dans lequel on va jouer et adapter le spectacle. Comme il s'agit d'un vaudeville, il faut adapter la pièce qui se passe normalement à l'intérieur à un espace en plein air. Le principe est qu'il faut jouer face public et projeter ses répliques. Le comédien tient le spectacle sur ses épaules du début à la fin. Par cette tournée, on retrouve l'esprit de Molière, c'est-à-dire une troupe itinérante qui va à la rencontre du public. On arrive, on pose nos tréteaux, on joue et on a un contact direct avec le public avant de repartir. Comme les conditions sont difficiles, il faut une entente parfaite entre les comédiens. C'est un contexte particulier où l'enthousiasme, le dynamisme et l'ambiance ont un rôle prépondérant.

     


    Image

     

    Genre dramatique, né à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, le vaudeville fut, pendant un siècle et demi, une sorte de comédie musicale où alternaient parties parlées et couplets dont les paroles nouvelles étaient chantées sur des airs déjà connus. Bénéficiant d'un succès considérable au XIXe siècle, avec Scribe et Labiche, ce type de pièce s'est modifié au fil du temps en perdant ses couplets chantés. Le terme de vaudeville désigne simplement une pièce gaie dépourvue de toute prétention littéraire ou psychologique et dont le comique est exclusivement fondé sur les situations. Les vaudevilles mettaient généralement en scène des personnages stéréotypés appartenant à la bourgeoisie. Les héros de ces pièces sont souvent des hommes mariés qui, volages ou impudents, ou simplement malchanceux, tombent dans des situations dont ils ont le plus grand mal à se dégager. Autour des protagonistes s'agite une foule de personnages secondaires qui représentent autant de périls potentiels ou jouent le rôle d'obstacle et concourent à les placer dans des situations plaisantes. L'intrigue de ces pièces se caractérise par l'importance du rôle qu'y exercent quiproquos et péripéties mais le dénouement dissipe les malentendus et aboutit obligatoirement à une fin aussi heureuse que conforme à la morale.

     

     

     

    Image

     

     

    Sources :

    Le Théâtre des Galeries sur Facebook
    Fichier pdf - Rixensart (www.bruxellons.be)
    Site de la Ville d'Enghien