• Procession de la Saint-Jean - Les Seigneurs d'Enghien

     

    Dans la hiérarchie féodale du Hainaut, Enghien occupait un rang élevé parmi les 44 baronnies du Comté. Tantôt les états considérables de la terre d'Enghien étaient attachés au Duché de Brabant, tantôt aux Comtés de Hainaut, durant le gouvernement féodal.

    Le domaine comprenait, outre la ville d'Enghien, 16 villages et 13 hameaux et seigneuries. Les seigneurs de la Maison d'Enghien, de la Maison de Luxembourg et de Bourbon, et ceux de la Maison d'Arenberg, ont joué un rôle important dans l'histoire.

     

    LA MAISON D'ENGHIEN

     

    -      Engelbert d’Enghien

    -      Hugues Ier, fils d’Engelbert Ier d’Enghien

    -      Engelbert II, fils d’Hugues Ier

    -      Siger ou Sohier Ier, fils d’Engelbert II

    -      Vauthier ou Walter Ier, fils de Siger

    -      Vauthier ou Walter II, fils de Walter Ier

    -      Vauthier ou Walter III, fils de Walter II

    -      Siger ou Sohier II, second fils de Walter III

    -      Vauthier ou Walter IV

    -      Louis d’Enghien

     

    Hugues Ier d’Enghien et Elisabeth de Luxembourg

     

    Hugues Ier, fils d’Engelberg Ier, apparaît comme premier seigneur d'Enghien en 1121. Hugues épouse Elisabeth de Luxembourg  dont sont issus Gossuin, Engelbert, Siger, Boniface et Marie.

    Il éleva, en 1167, un château-fort qui était muni « de fortes murailles flanquées de tours, qu'on ne pouvait abattre sans machines, et fortifié par des fossés profonds ». Il fit bâtir la ville autour du château.

    Il fit hommage de la Seigneurie d'Enghien à Godefroy-le-Barbu, duc de Brabant, contre l'autorité de Baudouin V, Comte de Hainaut. Offensé, celui-ci vint faire le siège du château et força Hugues à révoquer son hommage.

    Un souvenir reste de cet épisode. C'est, à l’entrée du Parc, dans la partie acquise par la ville pour en faire un parc public, une butte appelée la Motte de Brabant. Hugues l'avait obtenue de Godefroy pour y tenir à Enghien nature et juridiction de Brabant.

    De même, en face de cette Motte, et dans le château, une Chambre, pour y donner sentence civile et criminelle, comme en Brabant.

    La mort d'Hugues est survenue après 1183,  peu de temps après une donation faite à l'abbaye de Saint-Ghislain d'une terre qu'il possédait à Wasmes.

     

    Engelbert II et Adeluya d’Avesnes

     

    Engelbert II est le second fils de Hugues Ier et d’Elisabeth de Luxembourg. Il a épousé Adeluya d’Avesnes, fille de Jacques d’Avesnes, maréchal de Hainaut. Elle meurt en 1217. Ils eurent six enfants : Siger, son successeur à Enghien, Jacques d’Enghien, Améline ou Adeline d’Enghien, Mahaut d’Enghien, Marie d’Enghien, religieuse et Hugues d’Enghien, clerc et chanoine de Tournai (1219).

    Il continua les travaux de son père. En 1191, il alla relever de Henri IV de Brabant son château et sa terre d'Enghien. Froissé, Baudoin V de Hainaut vint mettre le siège devant Enghien, occupé par des troupes brabançonnes. Engelbert se rendit. Toutefois, Henri, fils de l'Empereur Frédérick, lui conseilla d'obtenir la libre forteresse, pour lui, à la condition qu'il resterait neutre dans les affaires entre Brabant et Hainaut. Mais Engelbert ayant manqué à ses engagements, subit un deuxième siège de son château, qui fut pris, démoli, tours et murailles rasées.

    Il se réfugia à Bellingen, où il fit construire un petit manoir appelé Wannake.

    Il finit cependant par rentrer dans les bonnes grâces de son suzerain dès 1197. Il mènera ensuite une paisible existence, faisant de nombreuses libéralités à diverses maisons religieuses (Hérinnes, Cambron, Bellingen). Il vécut très vieux. Sa mort est estimée entre 1243 et 1245.

     

    LA MAISON DE LUXEMBOURG

     

    - Jean de Luxembourg

    - Pierre de Luxembourg

    - Louis de Luxembourg

    - Françoise de Luxembourg

     

    Jean de Luxembourg et Marguerite d’Enghien

     

    Jean de Luxembourg est le gendre de Louis d’Enghien (dernier de la branche aînée des d’Enghien), compte de Brienne et de Conversan. Il hérite de la seigneurie d’Enghien. Son épouse, Marguerite d’Enghien (née en 1365) lui donna trois fils : Pierre, Louis, Jean, et deux filles : Catherine et Jeanne.

    Ils passèrent leur vie en Pouille (Italie) et ne vinrent probablement jamais à Enghien, malgré leur espoir « de se rendre à Enghien aussitôt qu’ils le pourront ».

    Jean de Luxembourg décéda vers 1396.

    Marguerite d’Enghien, son épouse, continua de séjourner en Italie. Elle fit son testament en Sicile, le 19 septembre 1397 (1393 ?).

     

    Françoise de Luxembourg et Philippe de Clèves

     

    Françoise de Luxembourg, fille de Pierre II de Luxembourg (1418-1475), arrière-arrière petite-fille de Marguerite d’Enghien.

    Françoise de Luxembourg, vécut retirée en ses châteaux d'Enghien ou de Wynendaele. Son mari, Philippe de Clèves (souvent appelé Philippe de Ravestein), fut mêlé à la guerre de Maxi­milien contre les Flamands. Les liens de l'honneur l'ayant ensuite engagé à prendre les armescontre lui, il fut déclaré traître et proscrit. Ce n'est qu'en 1492 qu'il reprit possession de ses biens.

    En 1497, la ville d'Enghien fut en feu et en flammes, par suite de l'imprudence d'une servante. Le clocher de l'église fut brûlé, les cloches fondues. La rue de Bruxelles, le commencement de la rue d'Hérinnes et l'Hôtel de Ville furent embrasés et 50 personnes furent étouffées dans l'incendie, On bâtit un nouvel Hôtel de Ville. Sur l'emplacement de l'ancien, on édifia la Chambre de la Confrérie des Archers de Notre-Dame. Philippe de Clèves embellit et augmenta le château, réédifia le clocher de l'église et donna la première cloche.

    Pour obtenir le pardon de ses violences, il se fouettait et se couchait sous un chêne, au cœur de l'hiver. Jean Hussmann, curé d'Enghien, lui conseilla de fonder plutôt une maison pour les orphelins.

    Françoise de Luxembourg décéda le 5 décembre 1523. Elle fut inhumée à l’église des Dominicains à Bruxelles. Son cœur fut déposé en l’église des Augustins et placé près du maître-autel.  

    Philippe de Clèves n’ayant pas eu d’enfants, dut abandonner le château d’Enghien dont il affectionnait le séjour. Il se retira dans son manoir de Wynendaele où il mourut d’une attaque d’apoplexie le 28 janvier 1527.

     

    LA MAISON DE BOURBON

     

    Marie de Luxembourg et François Bourbon

     

    Marie de Luxembourg, sœur aînée de Françoise, hérita de ses biens, celle-ci n'ayant point laissé d'enfants. Elle avait épousé en premières noces, Jacques de Savoie, dont elle eut une fille qui, mariée à son tour, mourut sans enfants.

    En secondes noces, François de Bourbon, mort en 1495, pendant les guerres d'Italie, dont elle eut six enfants : Charles de Bourbon, François, Louis, Antoinette, Jacques, mort jeune, et Louise, abbesse.

    Les guerres continuelles entre Charles-Quint et François Ierabsor­bèrent souvent les revenus d'Enghien. Dans les intervalles de paix, Marie de Luxembourg avait doté l'église de deux grandes vitres peintes, dont l'une figurait l'Annonciation, avec l'inscription de ses titres et de ses armes. Son mandataire, Charles de Carondelet, gouverneur d'Enghien, embellit le château et son entrée du côté du marché et fit établir la première école latine.

    Procession de la Saint-Jean - Les Seigneurs d'EnghienEn 1537, Charles de Bourbon mourait, laissant cinq fils, dont trois furent successivement seigneurs d'Enghien : Anthoine, François et Jean.

    Anthoine devint roi de Navarre et fut lepère de Henri IV, roi de France.

    En 1540, un nouvel incendie se déclara dans la rue des Capucins. Cette rue, la rue d'Hoves et le moulin, furent détruits.

     

     

     

     LA MAISON D'ARENBERG 

     

    Procession de la Saint-Jean - Les Seigneurs d'Enghien

     

    La liste des ducs et princes d'Arenberg fera prochainement l'objet d'un article distinct.

     

    Charles d’Arenberg (1550-1616), deuxième prince souverain d'Arenberg, épouse Anne de Croy (1563-1635), duchesse d'Aerschot, en 1587. Il est militaire et diplomate et sera victime du séquestre hollandais, notamment en 1572.

     

    Charles d’Arenberg et Anne de Croy

     

    Procession de la Saint-JeanCharles, prince d’Arenberg, fit en 1606 l'acquisition de la seigneurie d'Enghien.

    Celle-ci, dont l'origine remontait au temps de Charlemagne, avait vu les fils succéder aux pères (sauf deux fois des filles), pendant 800 ans, et de tous temps avait été possédée par un seul héritier.

     

     

    Le titre de pairie n'était pas attaché à notre terre, mais à celle de Petit-Quévy, appartenant aux d'Arenberg. Il fut, en 1670, transféré àla terre d'Enghien.

     

    Procession de la Saint-Jean 

    Charles d'Arenberg était fils de Jean de Ligne, baron de Barbançon, et de Marguerite de la Marck, dernière et seule héritière du nom d'Arenberg. Né en Frise en 1550, il avait épousé en 1587 Anne de Croy, duchesse d'Aerschot.

     

    Retirés à Enghien, ils s'occupèrent constamment à réparer et à embellir le parc et le château, négligés et abandonnés. Ils achetèrent un terrain de la contenance d'un bonnier (1 hectare), y construisirent et meublèrent un couvent pour les Capucins, et dans ce couvent (sous l'église), établirent le lieu de leur sépulture.

    En 1607, Enghien et sa terre offrirent au duc Charles, pour sa bienvenue, 20.500 livres tournois. En 1611, il fit venir de beaux arbres, orangers et autres, et des faisans. On traça des jardins à fleurs et l'on peupla une volière. En 1612, Anne de Croy fit construire un oratoire. Six semaines après les funérailles du prince Charles, en 1616, Anne de Croy vit son fils entrer dans l'Ordre des Capucins. Tous ses soins se portèrent alors vers le couvent, auquel elle prodigua trésors et privilèges. Elle embellit aussi le parc, y fit édifier six chapelles, une grotte curieuse, une garenne pour les lapins. Dans les berceaux, elle tirait à l'arbalète avec la Confrérie de Saint-Jean. Elle fit aussi commencer le jardin bota­nique, agrandir la maison des orphelins ; elle augmenta et dota le cloître de Nazareth.

    Elle mourut en 1635.

    Procession de la Saint-JeanSon fils, Antoine d'Arenberg, comte de Seneghem, était entré chez les Capucins de Gand, sous le nom de Frère Charles. Durant son noviciat, il y eut délimitation des couvents entre la province wallonne et la province flamande. Sur le désir des fondateurs, celui d'Enghien fut rattaché à la province wallonne. En 1624, Eugène d'Arenberg suivit dans l'Ordre son frère Antoine.

     

    Celui-ci était un homme très instruit, d'une humilité sans égale, d'une piété rare, d'une obéissance aveugle. Ayant voulu construire, près de Louvain, un petit couvent, il rencontra des difficultés et des jalousies sans nombre de la part des Récollets de cette ville. Finalement il obtint gain de cause et l'Infante Isabelle posa la première pierre. Le tout fut achevé, dans toutes les règles de l'architecture, en 1626, et le Père Charles fut nommé gardien. Anne de Croy voulut alors faire donner à Tervuren huit têtes des onze mille Vierges, avec des reliques de Saint-Hubert et de Sainte-Agnès. L'archevêque étant mort, il n'y fut pas donné suite.

    En 1636, le Père Charles vint à Enghien assister à la clôture des Concep­tionnistes, qu'il protégeait. Auteur des plans du parc, il visita les travaux, l'Etoile, et tous les morceaux curieux que fit exécuter Fr. Eustache.

    Il fit instituer l'archiconfrérie de la Passion du Sauveur dans l'église des Capucins de Bruxelles. Il composa: Les Fleurs séraphiques, deux volumes ; Clipeus fortium, cinq volumes ; Plan des forteresses et ville d'Arenberg, et six autres volumes qui se trouvent, en manuscrits de sa propre main, au Couvent des Capucins d'Enghien. Refusant toujours les hautes charges dont on voulait l'investir, il fit reconstruire le Couvent et l'Eglise des Capucins de Bruxelles, y transféra les reliques des saints reçues à Rome, une portion de la vraie Croix, une Croix miraculeuse de Saint-François, quantité d'autres reliques, et, au Couvent des Capucins d'Enghien, l'un des deniers de Judas.

     

     
    Sources :
     
    Cercle Royal Archéologique Enghien
    Photos Fondation d'Arenberg
    WikiEnghien
    Wikipedia
    Ernest Matthieu - Histoire de la Ville d'Enghien - 1974 (reproduction anastaltique de l'édition de 1876)