• Le cercle Comoedia

     

    Un certain Monsieur… Arthur !

     

    Photo Arthur Vanderroost.JPG

    Né à Enghien en 1920, le Cercle Comoedia, grâce à ses pièces de théâtre, connaît de vifs succès pendant de longues années. Mais l’enthousiasme de ses membres s’estompe peu à peu… et la scène devient soudainement muette.

    Un Enghiennois, un de plus, va changer le cours des choses : Arthur Vanderroost. Curieux personnage que celui-là : il occupe la fonction de secrétaire de la Commission d’Assistance Publique (C.A.P.), actuellement le C.P.A.S. Il habite rue Général Leman. Grand de taille, on le voit traverser la ville, les mains dans le dos, l'éternel « boulon » aux lèvres, saluant les uns, adressant un mot gentil aux autres, ne ratant surtout pas une plaisanterie lorsqu'il rencontre quelqu'un appartenant au folklore enghiennois. Fin connaisseur et technicien du jeu de cartes (manille, belote), Arthur ne manque jamais le rendez-vous du samedi après-midi au Café de la Cloche, où il rencontre ses trois partenaires habituels : Eugène Bogaert, Adolphe Merckx et surtout ... Bouboule le coiffeur, son équipier. Que de discussions homériques ! Arrivé en fin de carrière, Arthur déménage vers la rue des Capucins où il coule une retraite paisible aux côtés de son épouse.

    Mais revenons à ce qui nous occupe.

    Un dimanche de l'été 1944, à la sortie de la messe, notre Arthur rencontre son ami Robert Bersipont. Evoquant les soirées animées d'une troupe appelée L'Estudiantine, ils décident de créer un cercle théâtral mixte qui reprendrait le nom Comoedia, car à Enghien l’on manque de divertissements. Ainsi dit, ainsi fait, ils procèdent aussitôt au recrutement d’acteurs pour disposer d'éléments de base.

    Le 1er octobre 1944, le groupe se met à l’étude d'un spectacle d'Eugène Labiche : La Cagnotte. La première de la pièce a lieu le 15 février 1945, en la salle Patria et recueille un franc succès. Le groupe masculin de Comoedia s'étoffe rapidement, et certains comédiens deviennent  inamovibles, tels les Bersipont, Coquet, Charles Duré, A. Goossens, Georges Devroede, Georges Cosyns, L. Bourleau, Georges Lambert, Paul Thollebeek, Louis Vincart et Arthur Vanderroost bien sûr. Le groupe féminin se forme moins facilement : on y trouve Christiane, Céline et Jacqueline Vincart, Emma Vandercammen, Gilberte et Nelly Roobaert.  Peu à peu, la troupe s'organise et offre des spectacles réguliers et se confectionne un  éloquent palmarès :

    11 représentations :

    Le Doyen des enfants de chœur
    (comédie en 3 actes de Maxime Lery et Guy d'Abzac)

     

    7 représentations :

    Le fiancé malgré lui
    (comédie en 3 actes d'
    André Sylvane et Antoine de Farges)

    Monsieur Beverley
    (comédie policière en 4 actes de Georges Berr et Louis Verneuil)

    L’enfant de la balle

     

    6 représentations :

    Charel de Bruxelles

     

     

     

     

    La marraine de Charley
    (comédie-bouffe en 3 actes de M. ORDONNEAU et B. THOMAS)
    (résumé ci-dessous)

     

     

     

     

    Le cercle Comoedia

    Madame et son filleul
    (Pièce en 3 actes de Maurice Hennequin, Pierre Verber et Henry de Gorsse, 1921)

    Le cercle Comoedia

     

    3 représentations (1950) :

    Le Jeu de Jonathas

     

     

    Le cercle Comoedia

     

    La Revue d'Enghien est donnée 3 fois 1951 et 2 fois en 1955 :

     
     

    La représentation de La Revue d'Enghien du 12 février 1955 est donnée au profit de la restauration du carillon. En 20 ans, 32 spectacles sont mis sur pied, 135 représentations dans 20 localités dont : Chièvres, Petit-Enghien, Graty, Casteau et Neufvilles.

    Le 22 juin 1952 est inaugurée la clique des tambours et des trompettes au sein de la Fanfare Royale d'Enghien, sous la direction de Clément Mertens et d'Albert Dubois. A cette occasion, le Cercle, en la salle Patria, présente la pièce Monsieur mon patron de Paul Roby et Paul Babick, mise en scène et régie générale de Daniel Regnier. Les intermèdes musicaux étaient exécutés par la Fanfare, sous la direction d'Arthur Defraene.

    La pièce Charel de Bruxelles est interprétée à Enghien-les-Bains en 1959 devant les balieusards parisiens qui s'en payent une sacrée tranche !

    Charles Duré, Louis Vincart et Arthur Vanderroost, acteurs, assurent quelques 120 représentations. Parmi les dames, aussi des records : Céline Vincart, 64 participations, Nelly Roobaert, 62 et Emma Vandercammen, 53.

    Le Jeu de Jonathas est interprété trois fois dans le grand parc sur une scène en plein air, avec 40 acteurs, 7 décors et en costumes du XIVe siècle. Cela se passe en 1950, à l'heure où la Belgique est confrontée à la Question Royale. Malgré les grèves, manque d'électricité, de transports, ... les représentations ont lieu grâce à l'utilisation d'un groupe électrogène... et l'on voit des spectateurs rallier le parc à vélo !

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    La Revue d’Enghien décrit des scènes du marché du mercredi, relate les faits et gestes des ouvriers communaux et surtout, fait revivre les incontournables personnages de la vie locale : Dikke Louis, Victor Dutilleux, Jef Castrol (photo ci-contre), les Chengskes, Pierke Trot,… A chaque édition le succès est assuré !

     

     

     
    Plusieurs Enghiennoises et Enghiennois deviennent acteurs malgré eux, ne fût-ce que pour compléter un effectif insuffisant ou pour aider matériellement : Lucienne Jaures et Marie-Thérèse Algoet, Charles Croes et Gustave Cornelis (pour le grimage), Claude Chevalier (pour la musique), Gustave Debodt (pour les ballets), et Maurice Boisdenghien, Jean Dodelet, Georges Cosyns (Président d'honneur), Albert Desaegher, André Tilman, Frans Cardinal, Joseph Coppens, Léon Pacco, Joseph Vincart.

    Les 20 années d’existence de la troupe représentent 20 années de contact avec la population et les sociétés locales, 20 années de soirées inoubliables, amusantes et cordiales.

    Amuser les Enghiennois, sans oublier d’y prendre plaisir eux-mêmes, tel est l’objectif poursuivit par tous les membres, objectif parfaitement et totalement atteint.

    Lors de la dissolution du Cercle, Arthur a ces mots empruntés d’une chanson d’Edith Piaf :

    Non, rien de rien, nous ne regrettons rien !

     

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    Quelques anecdotes...

     

    Durant les années qui suivent, les anciens du Cercle se réunissent tous les premiers mardis du mois pour une partie de cartes au café Au Carillon, Grand-Place, chez Franz Ghilain et Lina, son épouse. Quelles séances de rires et de tricheries ! On y retrouve Arthur Vanderroost, Roger Carlier, Marc Mannes, Charles Duré, Georges Cosyns, André Tilman, Georges Lambert, Louis Vincart,... Certains mardis les épouses prennent part, dans leur coin, à ces mémorables épopées, qui se terminent généralement par une collation préparée par la patronne : crêpes, gauffres, et en hiver, parfois de la choucroute !

     

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    Le groupe d’amis reste uni et ne manque pas de se faire remarquer à Enghien. Ainsi, souvent, la veille du 1er avril, à l’insu de tous, certains préparent le poisson d’avril. En début de nuit, sans le moindre bruit, dans la pénombre, un petit groupe se faufile dans les rues et dépose, devant la porte d’entrée des autres membres, des dizaines de bouteilles de vins vides, placées les unes contre les autres, de manière à ce qu’il ne soit plus possible à quiconque de sortir de sa maison… et d'obliger les passants de descendre du trottoir ! La surprise est de taille, tant pour les gens qui se rendent à la gare, que pour les intéressés et leurs épouses… Toute la ville en parle et en rit ! Des bouteilles sont déposées notamment devant la porte d’André Tilman, rue de Bruxelles, Charles Duré, rue de la Station, etc.

     

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    Une autre année, on suspend un piano en carton aux cornes de bœuf de la façade des Lambert, rue d’Hérinnes, avec l’indication « Piano à vendre ». Surprise de Georges et de son épouse Maire-Rose à leur lever. Il est vrai qu’un piano existe chez eux… celui de Virgile, le père de Georges, et dont les cordes n’ont plus vibré depuis belle lurette… Revenant du Collège, après les cours, mon père me dit qu’un piano est à vendre chez Lambert et que je dois aller voir. Mais je m’y refuse car je sais qu’il s’agit d’un « poisson d’avril ». Mon père insiste et je m’y rends, convaincu que l’on va se moquer de moi. Marie-Rose me reçoit et me dit en riant : « Oui, il y a bien un piano à vendre ! ». Je n’en crois rien, mais elle insiste et me dit : « Viens voir ». Quelle n’est pas ma surprise de découvrir, dans un coin du séjour, un magnifique piano droit en acajou, un Steinberg. Marie-Rose m’invite à l’essayer, et je m’exécute immédiatement. Quelle sonorité ! Voyant mon intérêt pour l’instrument elle me souffle dans l’oreille -pour que Georges, son mari ne l’entende pas- qu’elle en demande la somme de 1.000 francs. Et d’ajouter qu’en cas d’achat le piano doit être emporté le jour même !  Je cours chez mon père -j’habite qu'à quelques dizaines de mètres-, lui explique la chose… il est d’accord ! Deux heures plus tard le piano de Virgile trouve un compagnon noir au 12 rue d’Hérinnes. J'ai deux pianos ! Quelle aventure inoubliable.

    J’ai joué plus de 25 ans sur ce magnifique piano. Il a continué sa carrière à la taverne Le Chat Moine à la Grand-Place. J’espère qu’il est toujours en vie, chez Didier Lambrechts.

     

    Vive Comoedia !

     

     

    Chanson Revue Enghien.JPG

    Ecouter l'air joué par Patrice Poliart, carillonneur à Enghien

    Chanson fétiche de la « Revue d’Enghien »
    (sur l’air de « La Veuve Joyeuse » de Franz Lehar)
     
    Source : Willy Vanden Daele - Les enghiennoiseries ... du Baron - Enghien.
    Dessin : François Craenhals - Enghien - « Jef Castrol ».
     
    La marraine de Charley
    (Comédie-bouffe en 3 actes de M. ORDONNEAU et B. THOMAS)

    Durée : 2 h 10 Jack et Charley sont amoureux. Le premier de Ketty, le second d'Arabella, deux jeunes filles bien élevées. Invitées à venir déjeuner dans l'appartement de Charley, elles n'y consentent que parce qu'elles y trouveront la marraine de leur amphitryon. Mais la marraine Dona Lucia, ne peut venir, et c'est l'ami William qui jouera le rôle de la marraine. De cette substitution découlent les situations les plus ahurissantes. En effet, Dona Lucia qui a pu se rendre libre pour venir, prend William pour une aventurière. L'oncle d'Arabella, qui arrive à son tour, s'éprend de la fausse marraine. William en a assez de faire le clown pour obliger ses amis et il se démasque. Il épousera la nièce de Dona Lucia, tandis que Jack et Charley épouseront, le premier Ketty et le second Arabella. Le succès de cette pièce a été tel que dès le muet, le cinéma s'en est emparé et en 1925, c'est Sidney Chaplin le frère de Charlie qui interprète le rôle titre. En France de Lucien Baroux à Fernand Raynaud que ce soit au théâtre ou au cinéma les adaptations ne se comptent plus.